Avant propos

Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie. "Jacques Prévert"
Bienvenue dans le site de l’info la plus « frèch » d’Alsace ! Je vous propose des articles avec ma liberté de ton habituelle. Des journalistes sont aussi invités. Bien à vous. Maxime Gruber.

lundi 1 septembre 2025

Strasbourg, relaxe pour un point interrogation, la démocratie respire !

Strasbourg, relaxe pour un point interrogation, la démocratie respire !

Face au tribunal : Alain Peters, retraité sans histoire, contre l'adjointe à la mairie de Strasbourg chargée de la tranquillité publique, Nadia Zourgui.


« Il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits »  
Beaumarchais.




Une joute a commencé par un point d'interrogation ! Et, finit dans une sorte de bric-à-brac judiciaire. Mais, ce n'est nullement la faute des magistrats essayant de dénouer la pelote de laine de la partie civile.

Il était une fois sur Facebook…
C'était une époque lointaine où les trolls étaient moins virulents et les discussions plus osées. Nous sommes en janvier 2024, je ne donnerai pas le jour exact pour ne pas tomber dans la chausse-trape où s'est fourvoyée la partie civile. Comme cette dernière souhaite préserver l'anonymat de ses sources, je ne divulguerai pas les noms des débatteurs du réseau social Facebook.

Un échange de messages part en quenouille, monsieur "X" tacle la mairie de Strasbourg, un défendeur lui fait la morale. Cela part en sucette, Monsieur "X" sort son joker et relate une embauche étonnante à la mairie avec une suspicion de favoritisme. Tout le monde se quitte fâché et les principaux concernés par l'affaire reçoivent moult captures d'écran envoyées par des « amis » sur l'empoignade virtuelle.

L'effet boule de neige.
On aurait pu en rester là, mais tous les moqueurs relaient l'info, monsieur "X" est rejoint par monsieur "Y", et c'est au tour d'Alain Peters de s'en amuser par un message imagé dont il a le secret. Direct, frontal, voici le texte : 

 « La vie merveilleuse des Strasbourgeois de tous poils… Notre adjointe à la tranquilosité (sic) publique, Nadia Zourgui, s'est offert les services d'un expert qu'elle connait bien puisque c'est le fils de sa copine… Il s'agit de Nicolas Bickel en charge à l'Eurométropole de la « préfiguration* de la tranquillité publique » (sic!!!) VOUS AVEC DIT NÉPOTISME ? *Préfiguration : ce qui annonce un événement futur sous une forme imparfaite »

Le terme en majuscule, avant le point d’interrogation, est de trop, le piège se referme sur Alain Peters. Ainsi, il paiera pour les autres.




Réaction rapide de la mairie.
Les rumeurs sur « la toile » s'emballent, les contradicteurs sont sur le qui vive, les proches de la mairie se réjouissent. Le 5 février 2024, le conseil municipal de la ville de Strasbourg octroie la protection fonctionnelle à Mme Nadia Zourgui, une des élues concernées dans cette affaire « Facebook », une affaire qui faisait seulement sourire. Ainsi, on va passer aux choses sérieuses.

Ce n'est pas une première, la maire Jeanne Barseghian ayant obtenu cette même protection, le 3 mai 2021, ni une dernière... depuis, d'autres adjoints en bénéficient. 
Le contribuable et les contributeurs se font une joie de participer financièrement aux passes d'armes des élus au tribunal. C'est aussi un signal fort contre les contradicteurs, laissant plus d'espace aux proches de la mairie dans les réseaux sociaux...

Nous allons passer de la farce à la tragi-comédie.
Un commissaire de justice a signifié la citation à comparaître. Un document remis à Alain Peters, un simple citoyen poursuivi, car les deux cibles initiales, les découvreurs de l'affaire, messieurs "X" et "Y" ne sont pas impliqués faute de preuves.
Le motif de la plainte ? 
Voici un extrait : 
… « Conformément à la demande de monsieur le procureur de la République. Je vous fais connaître que vous êtes poursuivi pour les raisons exposées sur la cellule. Motif principal, atteinte à l'honneur ou à la considération d'un fonctionnaire, personne dépositaire de l'autorité publique, citoyen chargé d'un service public. » 

Que le spectacle commence ! 

Le tribunal correctionnel de Strasbourg, ce 28 août 2025.
Ce procès est assez révélateur d'une liberté d'expression que l'on ne peut pas jauger sans parti pris. La sensation d'être le témoin d'un naufrage ou d'une montagne donnant naissance à une micro-souris. Alain Peters, Strasbourgeois de 74 ans est à la barre.
La juge Louise Oddoux précise pourquoi il est assigné : pour diffamation envers Nadia Zourgui.
Les messieurs "X" et "Y" sont souvent cités comme les instigateurs de l'affaire et le seront pendant toute la séance. Cela peut indiquer que les mailles du filet étaient trop lâches. Plus positivement, on pourrait penser qu'ils n'ont pas enfreint la loi.

Le point d'interrogation n'est pas considéré par la loi… 
On va directement au vif du sujet, à l'élément qui a réuni les protagonistes au tribunal. L'image incriminée n'est pas un photomontage, plutôt une banale mise en page avec le terme posant un problème : un mot de trop avec un point d'interrogation, à la fin.
Il pourrait s'agir d'un questionnement, mais visiblement, cette subtilité de la langue française n'est pas considérée par la loi. Ainsi, ce questionnement est une affirmation.
Pour se défausser, Alain Peters précise : « Je pratique une forme d’humour qui n’est pas partagée par tout le monde ». 

Le grand problème, les documents remis à la justice.
Nadia Zourgi est à la barre, elle doit expliquer un imbroglio pour ses preuves, en nous expliquant que ses contacts de Facebook lui ont fourni de nombreuses captures. Elle indique aussi, n'avoir pas ou plus de liens avec le trio moqueur sur ce réseau social.
Nadia Zourgi précise que la plainte est fondée sur des documents dont le nom des expéditeurs est tronqué pour ne pas divulguer leur identité. Étrange comportement, on est en droit de se demander si les généreux donateurs des captures d'écrans sont des militants, des trolls, ou des personnes impliquées dans l'affaire. Les magistrats paraissent à la peine pour trouver la date des documents, puis ta-dam !

Me Arnaud Dupuy, avocat de Nadia Zourgui, sort de sa manche un nouveau document remis la veille du procès. À vrai dire, non, il s'agit d'un document similaire, avec une autre date. On se noie dans des débats procéduraux complexes... Remarquons que l'avocat indique que ce nouveau document n'a pas été authentifié par un commissaire de justice.

En défense, Me Francis Metzger profite de cet embarras pour demander tout simplement la prescription des faits. Les magistrats vont délibérer à ce sujet.

À la suite de la non-prescription, les débats continuent.
Nadia Zourgui est de nouveau à la barre, elle précise : 

« Cela laisse sous-entendre qu’on recrute ses amis. Je connais effectivement ce monsieur, mais je n’ai pas participé au premier, ni au deuxième jury de son entretien. Ce post est une atteinte à mon honneur. Je ne peux pas accepter qu’on remette en cause ma probité et qu’on m’accuse de népotisme »... 

C'est au tour d'Alain Peters, il subit de vives critiques à la barre. Me Arnaud Dupuy, tonne : « On ne peut pas rire de tout ! » Comme journaliste satirique, j'ai failli tomber de mon siège.
Il continue... « On a le droit à la liberté d’expression, mais pas de rire de tout et de n’importe quoi ! »

On enfonce le clou : « Vous avez vérifié ? » interroge la présidente de la chambre des vacations.

Avec un flegme certain, Alain Peters répond : « J’ai pris quelques éléments disponibles sur les réseaux sociaux ». Cela ne va pas calmer la vindicte du procureur de la république, Yann Martinez, pas assez proche de son micro, donc presque inaudible dans la salle.
La formule de ne pas rire de tout est reprise, en la mêlant aux plus grands drames de l'humanité du 20e et 21e siècle, provoquant un certain malaise. L'excès de caricatures pour un simple mot sur Facebook peut être incommodant. Le procureur de la république rejette les justifications du prévenu, notant que la publication « est assumée de manière relative ».
Il requiert la condamnation du prévenu, au motif de « propos infamants » et de « l’absence de vérifications »

 La défense argumente et sort deux jokers. Après un préambule sur l'histoire du népotisme, visiblement bien ancré dans la culture française, des exemples de personnes politiques françaises de premier plan, malmenées et moquées, mais ayant la hauteur de ne pas y répondre.

Me Francis Metzger, cite Chantal Cutajar, maître de conférences HDR, droit privé et sciences criminelles à l'université de Strasbourg. Il s'agit d'un message sur sa page Facebook au sujet de la protection fonctionnelle de Mme Zourgui.
Voici le texte :

« Critiquer une élue, est-ce risquer la justice ? »
« Le 5 février dernier, le Conseil municipal de Strasbourg a voté l’attribution de la protection fonctionnelle à Mme Nadia Zourgui. Adjointe à la Maire, pour lui permettre de poursuivre en diffamation un citoyen à la suite d’un post Facebook mettant en cause une nomination municipale. Oui, la loi du 21 mars 2024 permet de protéger les élus lorsqu’ils sont attaqués dans le cadre de leurs fonctions. Mais ici, aucune information n’a été donnée publiquement en Conseil municipal sur le contenu du post en cause, la personne visée ou les faits précis. La plainte est engagée à titre personnel, mais financée par des crédits municipaux, sans débat démocratique réel. Une élue dispose de plusieurs moyens institutionnels pour répondre à une critique : une déclaration publique, une mise au point, un droit de réponse. Mais, judiciariser la parole d’un citoyen, c’est franchir un seuil politique sensible. Cela crée un climat de dissuasion, au détriment du débat démocratique. »




La salle silencieuse semble figée.
Puis, Me Francis Metzger, montre un nouveau message Facebook, cette fois-ci de Nadia Zourgui célébrant un mariage auquel la personne embauchée, mari de sa meilleure amie est bien présent.

Me Francis Metzger conclut en soulignant « la bonne foi » de son client qui « s’est exprimé dans un but légitime, sans aucune animosité personnelle » au regard du « débat démocratique », sur la base d’une publication de l’élue où l’on aperçoit l’homme en question lors du mariage d’une proche.

Fort de son effet, il lance une tirade du mariage de Figaro de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais :

 « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; il n'y a que les petits hommes, qui redoutent les petits écrits. »

Le verdict.
Les documents partiellement anonymisés, des captures d’écran rognées pour préserver le nom de ceux qui l’ont informée des publications sur Facebook n’ont pas permis la datation exacte de l'émission du post.
Le prévenu a été relaxé. L’élue a annoncé, par le biais de son avocat, son intention de faire appel de la décision.
On pourra certainement savoir, par cet éventuel appel, qui sont les informateurs.

Que penser de cette mini-affaire ?
Si ce jugement était confirmé en appel, il rappellerait une évidence : critiquer un élu, même avec un humour grinçant, n’est pas un délit, mais un droit. La démocratie s’en porterait mieux, et le débat public aussi.
Toutefois, les messages écrits pour nuire, la délation, la diffamation et l'usurpation des noms dans les réseaux sociaux, si courants en cette période électorale, doivent être combattus avec la plus grande fermeté.

Maxime Gruber

mercredi 27 août 2025

La gestion foutraque des transports de la Maison Départementale des personnes handicapées.

Ne tirez pas sur l'ambulance !!!

La gestion foutraque des transports de la Maison Départementale des personnes handicapées.


Le transport des élèves handicapés est un marché lucratif.
Chaque élève, en ayant la nécessité, se voit attribuer l'obtention d'un transport spécialisé, avec deux trajets quotidiens, entre son domicile et son établissement scolaire.
C'est la section « Transport » de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) qui est chargée de l'attribution par un appel d'offre.




Contes et légendes des retards..
La MDPH est connue pour ses délais à rallonge et ses procédures interminables ! Nous ne sommes pas loin des contes et légendes, des retards et des oublis à la personne.


Nous avons l'exemple d'une fille entrant cette année en seconde, dans un lycée à Haguenau. Alors que la rentrée est prévue pour ce lundi 1er septembre, personne, ni à la direction, ni dans le service concerné, est en mesure de transmettre à ses parents le nom de l'entreprise choisie.
Cela engendre un stress et des désagréments d'organisation évidents.

Une société Parisienne pour Strasbourg.

Et, ce n'est qu'une redite par rapport à l'année passée, ce qui présage le pire.
L'an dernier, encore une fois, cette attribution a été faite « au dernier moment ».
Confiée à une société PARISIENNE, alors que nous sommes à Strasbourg, cette dernière joint les parents, le dimanche soir à 21H30, pour informer du trajet le lendemain à sept heures !
Néanmoins, le trajet n'aura pas lieu. La société choisie ne disposait pas de chauffeur, ni même de véhicule adapté. Elle attendait cette attribution pour commander le véhicule, avec un délai d'un mois pour l'obtenir. Embaucher les chauffeurs !
Comment a-t-on attribué le marché à une société disposant de... rien ?
Question des plus intéressantes.

Changement de société aux forceps.
Plusieurs heures de négociations ont été nécessaires (et de nombreux échanges écrits musclés) pour que « la société » abandonne son marché, et qu'il soit confié « en urgence » au Taxi du Dôme, qui disposait des véhicules et des salariés nécessaires, et de la compétence.

L'enfant handicapé, n'étant pas un client comme les autres. 
Ainsi, cette année, c'est « rebelote ». À ce jour, la MDPH est en incapacité de donner le nom de la personne chargée de ce transport, deux jours ouvrés avant celui-ci. Ni même dans quelles conditions ces transports auront lieu.

Une plainte contre le MDPH.
En conséquence, le père, excédé par ces attributions « obscures de dernière minute », attaque la MDPH au tribunal administratif, en référé, en réclamant une astreinte journalière. Ceci afin de pouvoir confier sa fille à un transporteur digne de ce nom, en capacité de tenir ses engagements.


Xavier Boulanger













²

vendredi 11 juillet 2025

Saverne. Canicule au conseil municipal. « Sea, sex and Sun » mais pas trop.

Saverne. Canicule au conseil municipal et ce n'était pas « Sea, sex and Sun ».
Quoique...


On me disait : « Les conseils municipaux, c'est chronophage et on perd le plus souvent son temps. » C'est vrai, mais, le diable est dans les détails.


Le seul moyen, quand tout est verrouillé, pour comprendre une situation opaque, est de scruter les mimiques et les propos de la réunion.

On me disait aussi : « tu ne te préoccupes plus de Saverne, il n'y en a que pour Strasbourg... » C'est juste, assurément, la vie est plus trépidante dans la capitale de l'Alsace. La politique et les conseils municipaux sont un spectacle tonitruant, loin de la magnifique chape posée sur Saverne. Sans oublier cette vieille tradition savernoise d'ostracisme exacerbé, vous avez plus de chance de voir une poule avec des dents qu'une salutation du premier adjoint. L'opposition n'est pas en reste. Cette tradition étant des plus lourdes, mes escapades hors de Saverne, pourtant capitale de la fête orchestrée par le maire himself et de la bière, sont salutaires...


Un conseil municipal pris au vol

Encore la tête pleine du tonitruant CM de Strasbourg, me voici devant mon écran avec une invitation à suivre en direct celui de Saverne.
Attention, c'est du temps réel, du flux tendu. Après cela, la vidéo part dans les nimbes ou dans les archives de la mairie. On s'assoit et on observe sans avoir le mauvais œil et celui du premier adjoint sur le front. La vidéo ouvre de grandes possibilités.


Une réunion ramassée, une caméra sélective.

Ce 30 juin 2025, c'est la fournaise, la canicule. La caméra semble avoir oublié les 21 personnes présentes pour se concentrer sur le maire et son précieux premier adjoint. De grosses bouteilles en verre rappellent qu'il faut s'hydrater sont posées le long des tables.

Le premier adjoint, tel « Don Salluste dans la Folie des Grandeurs», et il n'est plus à cela près, s'aère avec un grand éventail violet.

Ambiance chaude et pesante, on y est, heureusement le reste sera plus aérien.




Les présents

Selon le compte rendu du CM, il y a du monde, même si la caméra ne les montre pas. On peut envisager l'hypothèse que certains soient en vidéo conférence.

Vingt-quatre présents, dont seulement trois opposants. Nous avons huit absents.

Le groupe « réussir Saverne », à l'agonie après la défection de Laurence Wagner, créatrice du groupe et le départ de ses lieutenants, nous fait une résurrection. Ils sont d'après le compte rendu municipal deux dans la salle. La caméra nous en montre un seul, se sont-ils dispersés ?

Le groupe tonitruant des autres opposants, « Unis pour Saverne », constitué de trois personnes, celui qui donnait des sueurs froides et l'ultime perte capillaire du maire, s'est scindé en deux. Après un dernier crêpage de chignon entre la tête de liste Nadine Schnitzler et son second Médéric Haemmerlin, ce dernier est parti de son côté en créant son groupe avec son unique personne.

Les élus de la majorité ont eu l'avantage d'être aux premières loges pour assister à ce sabordage politique, certainement dû à des colères d'égos survitaminés. Bien sûr, des membres de la mairie rompirent l'omerta pour me raconter par le menu cette descente aux enfers. Cela a eu visiblement une incidence sur le CM.


Les absents

Huit absents de la majorité ont échappé à la canicule de la salle du CM. Les manquants, sauf une exception, ont donné une procuration au maire et à ses adjoints. Deux opposants non présents, Cathy Haushalter du groupe « Unis pour Saverne » et Médéric Haemmerlin en déplacement professionnel, n'ont pas fait de procurations. Oubli ? Les vacances ou un manque de motivation ? Ou tout simplement à qui la proposer...


Un CM plus que maitrisé par le maire

La caméra est bien centrée entre le maire et le premier adjoint. On n'aura pas droit au panoramique, ni aux travellings. Une simple petite rotation à gauche pour prendre rapidement en compte les remarques de l'opposition et une autre à droite sur l'adjoint à la culture et aux spectacles.

Nous avons droit à un service minimum visuel. Le CM n'est pas en reste.

Le maire Stéphane Leyenberger est dans sa pleine maturité de... maire.

Tout roule, on voit qu'il ne connait pas trop les dossiers et quelques fois s'en excuse comme si c'était normal. Il passe les plats, les adjoints avec le temps maitrisent leurs sujets et en parlent avec une certaine facilité.

La plupart du temps, le premier adjoint les présente, mais visiblement, vu la densité des articles, les lit en diagonale. Et, forcément, se fait systématiquement piéger par une question sur un détail du dossier. L'opposante, Nadine Schnitzler étant à la manœuvre.

Mais tout cela n'a plus la fougue des toutes premières séances, la chaleur, l'approche des vacances, l'omnipotence du maire ayant dompté le conseil municipal en son entier ?

On le voit jubiler devant autant de déférence et de courbettes à son endroit.

Les beaux et lourds projets pour 2026

Oui, on ne va parler que de chiffres. Les mots « budget maitrisé, on fait au mieux » sont moult fois répétés. Un mélange d'autosatisfaction et de perfection. Nous approchons de la féerie des lendemains qui chantent.

Voici le projet qui marquera les décennies à la gloire de Stéphane Leyenberger. Une construction, un nouvel aménagement qui fera enfin de l'ombre au cinéma de Saverne créé sous le mandat de l'ancien maire Thierry Carbiener.

Ce sera la reconstruction de « l'espace sportif et de loisirs des Dragons », un programme des plus conséquents jouxtant le centre-ville.

Le cout total de l'opération s'élève à 10,85 millions d'euros HT pour la démolition de l'ancien bâtiment, aménager la voirie et le jardin extérieur.

Heureusement, les différents organismes, dont l'État, le Grand-Est, la CeA mettent la main à la poche. Saverne n'aura à payer que 4 350 000 euros.



Il faut enfin penser à la construction de la nouvelle salle, 6 millions d'euros à la charge des savernois, un emprunt sera fait.


Le projet est voté à l'unanimité sans la moindre réplique... Une salle de CM apaisée. La canicule, l'emprise de la majorité sur la minorité ? La lassitude ? 

Petites passes d'armes

À chaque proposition de questions de la mairie, Nadine Schnitzler lève la main. Sur les points techniques ou juridiques, le premier adjoint montre un agacement ensuqué dans la canicule de la salle. Avec un mauvais regard, il lui indique qu'il lui enverra un codicille via mail.
Ça roule...

Pour les questions plus piégeuses, le maire devient le tribun avec quelques chiffres et un cours de morale.
Oui, ça roule...


Les oppositions savernoises

Si l'opposante Nadine Schnitzler semble isolée, entourée de sièges vides au CM. Le groupe de l'opposition « Réussir Saverne » parait avoir réussi sa mue par de nouveaux arrivants paraissant plus proches de la mairie que de l'opposition « Unis pour Saverne ». Le charme du maire ayant dû opérer...

Sébastien Hauber de « Réussir Saverne » montre son allégeance dont voici la primeur :

« Merci, monsieur le Maire, bonsoir à tous. Cela fait un an que je siège parmi vous dans ce conseil municipal, et je trouvais intéressant d'avoir un petit retour sur cette expérience que j'ai eue parmi vous. Moi, je suis issu par mon engagement politique des Gilets jaunes, donc je pense que ma critique peut être intéressante à prendre en compte. Je suis plutôt satisfait de ce qui se passe ici. Je trouve qu'on a beaucoup de chance et je préfère être dans une opposition constructive, donc je pose pas mal de questions. ».

Personnellement, je ne le vis poser qu'une question.

La réponse du maire pourtant appréciant la flagornerie ne se fit pas attendre.

« Merci pour vos remarques préliminaires à votre question et les encouragements et les remarques que vous faites... Les gilets jaunes, ce n'est pas trop ma tasse de thé, mais je vous rejoins quand même sur le fait que notre pays est particulièrement compliqué et de manière excessive. Ça peut rajouter des lenteurs, comme vous le dites, c'est aussi souvent sujet aux dépenses publiques, et ça, c'est encore plus grave. ».

C'est un fonctionnaire qui le dit...




Et, les élections municipales ?

On peut légitimement se poser la question de la réélection de Stéphane Leyenberger au premier tour ou pas.

Malgré son départ du Conseil de l'Europe comme grand administrateur, et que son premier adjoint rêve d'être maire à la place du maire. Il faudra tordre le calendrier ou le cou du député Hetzel pour la prochaine étape dans la cour des grands au national.


Maxime Gruber

lundi 23 juin 2025

Ville de Strasbourg. Le « rouler au pas » est-il traumatique pour nos amis cyclistes ?



Ville de Strasbourg. Le « rouler au pas » est-il traumatique pour nos amis cyclistes Strasbourgeois ? Et le piéton, un délaissé dans la jungle urbaine ?


La ligue contre la violence routière et CAP21 LCR demandent des mesures concrètes et un dialogue avec la municipalité de Strasbourg. Pour marquer les esprits, elle a pris une initiative, panneau à l'appui.




Se déplacer à pied dans notre belle agglomération demande une attention de tous les instants. Une bonne forme physique et avoir une vision panoramique à 360 degrés.
Et, aussi, des nerfs d'acier. Pourquoi existe-t-il autant de rapports de force entre les moyens de transport ?
Pourquoi être constamment dans un sentiment de danger si on est un bipède ?

Une spécificité Strasbourgeoise.
Pourquoi le cycliste de chez nous a un comportement plus exacerbé que le Marseillais et le Lyonnais ?
Les raisons sont multiples. D'abord, il est plus facile d'être un cycliste sur un terrain plat, d'où leur nombre exponentiel. À Lyon et surtout à Marseille, il faut du jarret pour monter les collines ou avoir un bon vélo électrique, convoité par les tire-laines.

La mentalité des habitants de ces trois villes est différente : passer trop près d'un piéton avec son vélo, le klaxonner, voire le vilipender, peut rendre le piéton marseillais ou lyonnais (hors de l'hyper centre pour ce dernier) colérique pour ne pas dire agressif. Un manque de discipline et une insubordination envers ceux sauvant le monde avec leurs mollets ?

Mais, la vraie différence strasbourgeoise est que le cycliste, le héros du mandat municipal, et comme tous les enfants chéris, on le gâte, et pas qu'un peu. Tout lui est dû, il est mis en avant, valorisé par d'imposants travaux au détriment des automobilistes. Les associations de cyclisme, très actives, voire vindicatives, contre les sceptiques à leur cause, sont d'excellents supplétifs pour la défense de la mairie, en passant des pistes cyclables, du culturel au projet avorté du tram nord.
En attendant les élections municipales, où ils seront des acteurs de tout premier plan.
Comme la voiture est en passe d'être blackboulée de la ville, le cycliste règne en maitre. Il est très majoritairement Strasbourgeois, c'est la limite géographique de ce moyen de locomotion.



Et, le piéton ? Il fait ce qu'il peut. En cas de travaux, il doit se débrouiller pour avancer sans encombrer la piste cyclable. S’agissant des grands axes, ils sont désormais dédiés aux mobilités dites « douces », comme le vélo et le tram. Le piéton est simplement intégré dans le package, il devra être en forme et bien voyant. Si ce n'est pas le cas, les témoignages de personnes âgées sont glaçants. Ne pouvant plus disposer d'une voiture, elles sont assignées à résidence. L’avenir nous dira s’il s’agit toujours d’un coup de pédalier vers le progrès. L'inclusif, tellement cité par la maire Jeanne Barseghian n'est qu'une façade.




Entre l’angle de la rue des Grandes Arcades et de la rue des Hallebardes.
Ce 19 juin, à cet endroit précis, Chantal Cutajar, présidente de CAP21 LRC et Claude Lienhard, membre du bureau national de la Ligue contre la violence routière, ont dévoilé un nouveau panneau de signalisation rappelant une évidence trop souvent oubliée : le piéton est prioritaire.

Un panneau symbolique, car non de la mairie, mais qui lui sera présenté l'après-midi même.
Ceux de la municipalité existent, l'un d'entre eux est accroché à un simple poteau de signalisation, à quelques pas du rassemblement. Il semble bien calamiteux par son aspect. Nous rappelons que nous sommes dans un axe piéton, un lieu de passage des plus visités de Strasbourg. Griffé, avec des adhésifs plus ou moins grattés, cabossé, il n'a aucune appétence à être lu. Pire, l'amende forfaitaire est juridiquement infondée selon les organisateurs du rassemblement.




L'appel du 19 juin.
Selon Chantal Cutajar, « cette action est un appel à Strasbourg : pour que la sécurité des plus vulnérables redevienne une priorité. Pour que les règles du vivre-ensemble soient coconstruites, comprises, partagées... Il s'agit de rappeler tout simplement que la rue appartient aussi à celles et ceux qui marchent, à celles et ceux qui sont en situation de mobilité réduite. Cela suppose des règles claires, visibles et partagées. C'est vraiment important ! »

Claude Lienhard continue : « Vous connaissez la Ligue contre la violence routière, avec son objectif principal, zéro accident, et il n'y a pas de petits accidents. Nous n'acceptons pas que les accidents, quels qu'ils soient, soient considérés comme une fatalité.
L'avènement de nouvelles mobilités, qui ne sont pas toujours douces, a créé de nouvelles zones de tension. Elles doivent être régulées en rappelant la règle, la norme. »


Le panneau alternatif est dévoilé.
Il rappelle les règles pour protéger celui qui est le plus vulnérable dans l'espace et dans une ère piétonnière. L'approche se veut pragmatique, il n'y a pas d'idéologie, qui vise simplement à éviter les conflits d'usage. Le panneau indique que les piétons sont prioritaires et ce n'est pas la peine de transiger.
On observe de nouveaux pictogrammes : la famille, un chien, une poussette, une personne âgée et une autre en situation de handicap sont représentés. Ceux qui auront des difficultés à esquiver un deux roues.
Plus bas, les pictogrammes à qui le panneau s'adresse : vélo et trottinette avec l'injonction de rouler au pas.
Le Code de la route définit que la vitesse supérieure ou égale à 6 km/h ne peuvent pas être assimilés à des piétons.
L'arrêté du Code de la route est bien indiqué.

Constat de Claude Lienhard ...
« Le plus gros danger pour les piétons, c'est d'être renversé. Le matin, ce sont les camions de livraison et les voitures posant problème. Un danger particulier pour les camions délicats à conduire dans la foule. Sans oublier les enfants allant à l'école.
Certains cyclistes sont une menace : il n'y a pas une journée sans un quasi-accident. Mais pas de statistiques, les gens n'allant pas à l'hôpital. J'ai le souvenir, il n'y a pas deux mois, d'un monsieur travaillant à la cathédrale, renversé par un jeune homme et une jeune fille qui roulaient un peu vite. Son pantalon était déchiré. Toutefois, ce constat peut varier en fonction de la vulnérabilité de la personne heurtée. Je pense aux personnes âgées qui se fracturent un coude ou une jambe, ce qui est dramatique à cet âge. »




La lettre : "pour une ville apaisée et sûre : renforcer la sécurité des piétons à Strasbourg" destinée à Jeanne Barseghian

CAP 21 - Le Rassemblement Citoyen et la Ligue contre la violence routière (LCVR), dans le cadre d'une action conjointe organisée ce jour, proposent que Strasbourg engage les mesures suivantes :

Audit de la signalétique piétonne à Strasbourg : localisation, lisibilité, conformité.
Campagne visuelle : « Le piéton est prioritaire. Partageons la rue »
coconstruction d’un code citoyen de la rue, avec les habitants, les associations d'usagers et les acteurs de terrain.Selon Chantal Cutajar et Claude Lienhard, "ces propositions sont simples, concrètes et compatibles avec l’esprit de coconstruction que la mairie appelle de ses vœux. Elles peuvent être mises en œuvre à budget maîtrisé, avec un fort impact symbolique et social."

Espérons que la corbeille à papier de Jeanne Barseghian soit loin du bureau.



Maxime Gruber.






jeudi 12 juin 2025

Renaissance à Strasbourg. Un prélude aux élections municipales de 2026.

Renaissance à Strasbourg. Un prélude aux élections municipales de 2026.

Ce 6 juin 2025, le parti Renaissance nous a remis les résultats de l'opération « Strasbourg, parlons-en ! » au FEC de Strasbourg.


Pour certains d'entre nous, le FEC reste un souvenir estudiantin des plus agréables. On a toujours plaisir à y retourner. Sa magnifique salle Léon XIII est un lieu de conférence pour la plupart des partis politiques. Au gré de leurs invitations, je me fais un point d'honneur d'être présent. Visiblement oublié dans leurs listes, j'attends celles des Écologistes, du LFI et du RN...



Pleine comme un œuf
Cette réunion semble victime de son succès. Que de monde, la montée de l'escalier était des plus intéressantes, bondée, les élus nous saluent à notre passage. La salle est déjà pleine, je trouve une place derrière l'une des deux colonnes de la salle.
La foule grandit, le nombre de personnes debout est des plus conséquents et déborde dès l'entrée de la salle. La députée européenne Fabienne Keller serre la main de tous les invités. Pierre Jakubowicz, chef de file Strasbourgeois d' « Horizons» et conseiller municipal est présent.
Cela confirme les prémices d'une alliance pour les municipales.

À un peu moins d'un an des élections, les partis de l'arc républicain, dont les LR et les socialistes, roulent encore pour eux avec leur programme et leurs convictions sensiblement différents. Nous sommes encore loin d'une jonction, d'une alliance nécessaire pour contrer les écologistes et le LFI.

Ce dernier parti étant devenu un expert en OPA hostile contre ses alliés en politique, les manœuvres des Verts pour gagner électoralement et survivre dans son éventuelle et dangereuse cohabitation seront à suivre de très près.

La grande consultation
Nous voici dans le vif du sujet, les résultats de la grande consultation menée par les militants de « Renaissance » auprès des Strasbourgeois dans la perspective des élections municipales de 2026.
Elle fut menée de mars à juin 2025 dans l’ensemble des quartiers de la ville, ce qui permit de recueillir plus de 1000 témoignages exploitables.

Après les présentations, l’ancien député, Bruno Studer donne la parole à Étienne Loos. Jeune conseiller en communication et presse ayant officié aux ministères des gouvernements du président Macron.

Les conclusions d'Étienne Loos sont implacables : les Strasbourgeois sont attachés à leur ville, mais remarquent sa détérioration. Des inquiétudes liées à l'attractivité de Strasbourg, son rayonnement, les mobilités, la sécurité, l'éducation, la précarité, sans oublier le dynamisme économique et la notion de la démocratie participative.
Ces éléments essentiels pour la réussite d'une ville et du vivre ensemble sont en déclin, voire en danger.


De plus, la municipalité actuelle, engoncée dans « une politique dogmatique et idéologique », n'a pas su répondre à ses trois urgences de son programme de début de mandat : l'urgence écologique, sociale et démocratique. « Les inégalités et les fractures entre les habitants se sont accentuées. »


L'engagement de Renaissance Bas-Rhin
À la suite de ces constats, Renaissance propose de

● Revitaliser le centre-ville et soutenir les entreprises avec une politique économique ambitieuse
● Rendre la ville plus sûre pour toutes et tous
● Développer la dimension européenne et internationale de Strasbourg, capitale européenne
● Faire de l’éducation et de la jeunesse une priorité municipale
● Construire une ville solidaire et inclusive
● Redonner à l’action municipale une vraie proximité et offrir à tous des services publics plus efficaces
● Faire revivre la démocratie locale et résoudre la crise démocratique


Vaste programme après ces années de mise en jachère. Contrer certaines mauvaises habitudes et idéologies sera une lourde tâche. Il faudra aussi améliorer « la cohabitation des cyclistes avec les autres modes de transport, le stationnement dissuasif et arrêter de propager l'image de la voiture comme un exutoire. »

Minivote en pleine réunion publique
Celui-ci a mis en avant deux des thématiques, la revitalisation du centre-ville et le soutien aux entreprises, ce qui indique une réelle inquiétude des votants pour l'avenir de Strasbourg.
La réponse ne se fait pas attendre, la municipalité actuelle a démontré son manque d'ambition et l'échec à obtenir une reconnaissance européenne.
« Relancer Strasbourg, c'est accueillir le futur Pentagone européen, faire de la ville l’épicentre de la stratégie de défense européenne. »
La guerre en Ukraine est l'un des vecteurs de cette décision, à la ville de démontrer qu'elle est la capitale de l'Europe.

La seconde thématique choisie est la sécurité, une évidence, un couperet qui permet de clore rapidement le sujet.
Bruno Studer a le dernier mot, « Ce n’est pas un gros mot, c’est la première des libertés ».

Fabienne Keller a carte blanche
Elle fit un retour sur son passé de maire et les décisions architecturales prises à l'époque. Elle a fait part de son implication avec les architectes en indiquant qu'elle n'avait pas de leçons à recevoir dans le domaine de l'écologie. Une réponse à la mairie de Jeanne Barseghian ?

Les échanges avec les sympathisants
Beaucoup d'inquiétude et de ressentiment, d'abandon de la municipalité, dans les propos des invités.
On dénonce le manque d'ambition et l'échec d'une reconnaissance Européenne. La dette croissante de la ville et la nécessité d'un plan économique transparent à l'avenir. Le manque d'événements sportifs à Strasbourg est perçu comme un écart significatif dans l'offre culturelle de la ville.
Les préoccupations ont été soulevées concernant le manque de consultation réelle avec les citoyens sur les projets locaux, entrainant une insatisfaction.
Le mode de gouvernance actuel est critiqué pour être non réactif et déconnecté des besoins communautaires, notamment sur les transports publics et le développement urbain.
L'accessibilité pour les personnes handicapées dans les espaces publics a été décrite comme inadéquate. La nécessité d'améliorer les infrastructures pour garantir un accès égal aux services publics a été soulignée comme une préoccupation majeure.
La barque est presque pleine.




Un habitant de la Montagne Verte indique que son quartier est largement abandonné par la municipalité. Le manque de services essentiels oblige les résidents à chercher de l'aide dans les quartiers voisins.

Nicolas MATT, conseiller municipal de Strasbourg, a été le tribun de la soirée. Il a fait rire la salle, ce qui n'est pas anodin, avec un slogan spécifique à la mairie, mais signalant le côté ubuesque de la plupart des situations, en les ponctuant d'un énorme « Cause toujours » ! Effet garanti.

Et, maintenant ?
Le constat des lieux est fait, il n'est guère mirobolant. Certaines des questions des sympathisants ont déjà leur réponse, les autres suivront, surtout en cas de victoire aux prochaines élections municipales.
Trois partis, Renaissance, Horizons et le Modem pour une alliance avec un seul leader. Les négociants, vu le temps imparti de neuf mois, doivent être intenses.



Maxime Gruber

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