La Justice sort la Grosse Bertha contre cinq jeunes militants d’Unser Land. Le Grand Est fournit les munitions.
La Genèse du conflit.
La plupart des hommes politiques désirent rester dans la mémoire humaine, certains auront leur nom apposé à un musée, une avenue, voire une rue, une impasse ou une plaque apposée à un Ehpad. François Hollande, président « normal » a voulu nous laisser une trace de son passage à l’Élysée par un cadeau empoisonné. Les grandes régions, se substituant aux anciennes, bien plus historiques. Le mariage de la carpe et du lapin, mieux, pour le Grand Est : un mariage forcé entre la cigogne, le grand tétras et l’escargot. Pour en faire un pâté homogène, il faut tout passer au mixeur. Sacrifier son identité pour un meilleur futur fantasmé.
Votre pognon.
Quel est le but de cette dernière couche du mille-feuille administratif, quel est son intérêt ? Votre pognon. Cette création parisienne apparue brusquement a déjà des besoins somptuaires. Comme tout devient bien plus complexe, que les partages des tâches sont redistribuées et enchevêtrées, il en faut beaucoup. Ayant une grande marge de manœuvres dans la plupart des domaines, son appétit envers nos bas de laine devient grandissant.
Dépouiller l'Alsace pour la Lorraine et la Champagne.
Comme les tribuns de la dernière assemblée générale du « MPA » (Mouvement pour L'Alsace) l'indiquaient, l'épicentre du Grand Est est Nancy. Toutefois, pour la manne financière par l'impôt, l'Alsace est la grande pourvoyeuse, tout en perdant progressivement ses institutions dans le médical, le judiciaire et l'académie, au profit de la capitale des Ducs de Lorraines. On fit, dans cette même assemblée, une blaguounette des plus inquiétantes : pour que le recteur de l'Académie de Strasbourg puisse acheter une gomme, il doit avoir l'aval de son collègue de Nancy.
On en est là, un beau cadeau de notre si « cher » Jean Rottner voulant se venger d'une Alsace ingrate et faire plaisir à ses nouveaux amis lorrains. Certains élus Alsaciens opportunistes se sont aussi fait acheter. Le Grand Est, entité ayant de sympathiques moyens financiers malgré la crise, attire certaines convoitises et trahisons.
Le match entre Unser Land et le Grand Est.
Une institution ayant uniquement la légitimité de Paris ne pouvait qu'être en conflit avec le parti autonomiste Unser Land. Une guerre froide s'est instaurée, l'une utilisant ses finances pour imposer son point de vue, faisant sa promotion telle une entreprise privée
Le parti politique, lui, ayant assez de militants pour essayer de démontrer la gabegie de la grande Région. Ambiance délétère…
Le jour de la peinture !
Bien sûr, cette situation d'une supra-région omnipotente aimant s'aguicher dans les événements sportifs en mettant son logo à bas coût (authentique, réalisé en interne) et d'une esthétique controversée peut agacer certains. De jeunes Alsaciens, militants chez Unser Land, désirant arrêter cette propension de la grande région à vouloir faire sa propagande aux frais du contribuable, complotent. Leur arme fatale sera... deux pots de peinture pendant le Tour de France.
Leur mission ? Asperger d'acrylique blanche, les véhicules du Grand Est de la caravane, le point d'impact devant être les logos tristement célèbres de l’institution. Cet acte devait « signifier à la région Grand Est que cette propagande était une provocation dans cette Alsace annexée de force à cette « région » en 2014 et qui demande depuis lors sans cesse à retrouver ses institutions ». Le commando réussit parfaitement son but. Il faudra donc attendre forcément le retour du bâton.
Une enquête de fourmis pendant une année...
Le Grand Est fou-furieux et exigea des coupables et des réparations pour leur image pourtant déjà bien écornée. D'énormes moyens sont mis à la disposition des enquêteurs.
Exploitation de la vidéo surveillance, relevés téléphoniques, enquête de voisinage, analyse de la peinture, tapissage photographique… c’était un dispositif digne d’une enquête criminelle que la gendarmerie a mise en place pour retrouver les auteurs. Après plus d’un an d’enquête, un dossier de près de 600 pages a été constitué. Tout semblait bien hermétique et les vengeurs bien masqués. Puis vint la gaffe, un simple message sur Facebook permis aux enquêteurs de remonter la piste des redoutables « guérillos ».
Une perquisition emplie de symboles...
Le 23 mai 2023, quatre équipages de gendarmerie se sont rendus au petit matin chez les trublions et ont procédé à une perquisition des domiciles. Le meneur a été menotté par les gendarmes. En tout, une vingtaine de gendarmes ont été mobilisés pour cette opération. Les jeunes militants ont été placés en garde à vue et soumis à un interrogatoire. Nous ne sommes pas loin des brigades de Clemenceau. Les symboles, je vous disais. Ils sont cinq ! Nous avons même un prévenu de trop, le filet était un peu trop grand ?
Les supérieurs hiérarchiques d'Unser Land n'étaient pas au courant des préparatifs de cette expédition. Un message laconique indique la situation :
« Si ce mode d’action est contraire à notre charte et si à aucun moment Unser Land n’a été au courant ou impliqué dans cette action, au vu du contexte, on peut toutefois comprendre le geste de nos militants. »
Un premier procès expéditif pour rien.
Ayant reconnu les faits, les dangereux bandits de grands chemins cyclables ont été inculpés pour dégradations et pour avoir exposé directement autrui à un risque immédiat de mort ou une infirmité permanente. Rien que ça !!! Le cinquième prévenu, dont la seule motivation était de déployer sa banderole, a évidemment clamé son innocence, mais les pandores sont restés impassibles, elle a été inculpée.
L’affaire aurait dû être jugée et réglée en octobre dernier à l’occasion d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, permettant un plaider-coupable des prévenus donnant la possibilité de juger rapidement les reconnaissant sa culpabilité. Ceci, dans l'absolu, est donnant, donnant : « je dis que je suis coupable et j'obtiens une peine légère ».
Mais, le juge n’a pas homologué la proposition du procureur. Une peine de prison de six mois avec sursis pour les trois auteurs du jet de peinture. Plus un stage de citoyenneté ainsi que la réparation des dommages et les deux autres, dont un a filmé la scène et l'autre au courant de rien, à quatre mois avec sursis. Le juge a estimé que cette « action politique » devait être jugée solennellement et en public par le tribunal judiciaire de Mulhouse, en audience collégiale, d’autant qu’il y a des victimes. Nous voici donc dans un véritable futur procès politique !
Un procès au tribunal de grande instance de Mulhouse, où se mêlent la politique et la farce.
Ce mercredi 15 novembre, les cinq prévenus, inconnus de la justice et au casier encore immaculé pour quelles minutes, étaient présents à la barre du tribunal judiciaire, dans une salle d’audience pleine à craquer de militants et sympathisants d’Unser Land. Un procès politique ? On y est. Tout le monde a mis la main à la pâte, la justice et le Grand Est, aussi. Les mis en cause devaient répondre de dégradation de bien d’autrui aggravé lors d’une manifestation sur la voie publique et pour mise en danger d’autrui pour violation d’une obligation de sécurité.
Deux véhicules siglés « région Grand Est » et une troisième voiture ont été souillés, plusieurs mètres de voiries, les murs et les vitraux de la chapelle toute proche, également. « Des personnes dans les véhicules ont aussi été touchées et surtout choquées et c’est sans parler des risques d’accidents si les véhicules n’avaient pas été maîtrisés par leur conducteur », a rappelé la présidente de l’audience.
Gros malaise pour les prévenus, l'un d'entre eux, n'est pas impliqué dans l'« opération peinture ». Elle préparait sa une banderole. Selon les prévenus, la juge n'en tient pas compte... Tout en sachant qu'un autre a tout simplement filmé, cela commence à faire beaucoup.
Des plaintes ou pas...
La CEA, propriétaire de la chaussée maculée de blanc, s'était porté partie civile, mais a retiré sa plainte, certainement en voyant qui étaient les perturbateurs. On ne tape pas sur les ennemis des ennemis. Amaury sport,
le grand organisateur sportif de la CE n'est pas aussi partie civile, grand seigneur, il ne veut pas mettre de l'huile sur le feu.
Pour les plaintes, deux institutions sont présentes : la mairie d’Oderen désire le remboursement du nettoyage pour 1 400 euros, cela reste bon enfant. Le Grand Est, un peu moins, ce dernier demande 3 500 euros (estimation) sans compter de divers suppléments pour dommage et intérêt. Atteinte à l'image du Grand Est ! Comme s'il n'y parvenait pas tout seul !
Quatre victimes collatérales.
Les deux conducteurs des voitures au logo « bleu, puissant et vibrant » ont aussi des exigences.
Pour le premier, la prise en charge du nettoyage de sa veste et 500 euros de préjudice moral. Le second voulait aussi un dédommagement.
La troisième personne a indiqué devoir aller voir un coach mental... puis a précisé qu'elle était déjà suivie avant l'affaire.
Un ange passe, la juge revient à la charge : pourtant vous m'avez écrit, que vous avez été choquée.
Le procureur enfonça le clou. « On a touché à des personnes et certain ici même veulent en faire une tribune politique. »
L'église d'Oderen pardonne.
Des bénévoles ont nettoyé le mur tâché ainsi que des vitraux. Elle ne se porta pas partie civile.
« Vous voulez faire de la politique ? On va faire de la politique ! »
Ainsi, on a bien compris le message, les cinq prévenus sont d'horribles délinquants. Ces derniers font leur mea-culpa, excédés par la politique de la région Grand Est avec des sommes folles consacrées à leur propagande. « Cette caravane était une provocation dans cette Alsace annexée de force à cette région en 2014. »
Le juge et ses assesseurs se sont retirés quelques minutes pour statuer. Le verdict est plus lourd, qu'à la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Ce n'est plus six mois avec sursis pour les trois militants ayant repeint les voitures, mais les cinq ! Sans oublier les nombreux frais à leur charge.
En conclusion le fossé entre le Grand Est avec la plupart des Alsaciens dont Unser Land est encore plus profond. Et n’oublions pas que le service juridique du Grand Est est payé avec nos impôts.
Un procès théâtralisé à outrance montrant les tenants et les aboutissants des différents partis. Les cinq militants ont payé le prix fort, malgré les centaines de messages de soutien.
Il faudrait aussi relativiser l'affaire, personne n'ayant été blessé et heureusement. La peine se veut exemplaire, un peu trop même, certains vrais délinquants doivent ricaner.
Maxime Gruber