Un article de notre rédacteur, Etienne Wildermann.
À vos marques, Préfète, partez !
Le départ de Josiane Chevalier nous laisse sur notre « fin ».
À peine l’animation finie, « Sans voiture Simone », voici que démarre le cortège préfectoral « En TGV, Josiane ». Alors que des tonnes de critiques dénonceront la dureté de Josiane Chevalier, que certains la croient même de droite et anti-Barséghian, notre plume ne pleurera pas, ne crachera pas, laissant ces sports alsaciens à d’autres.
La préfète, un serviteur de l’État. Au préalable, posons d’abord une évidence. Le préfet, dans la hiérarchie administrative, n'est-il pas, au fond, un simple rouage de la machine étatique ? Comme Tartuffe, qui aime à se draper de faux dévouements, le préfet peut parfois sembler revêtir une autorité disproportionnée. Il n’en est finalement rien. Derrière l'uniforme et les discours officiels, ne se cache-t-il pas une femme, un homme, un fonctionnaire soumis aux directives de l'État ? Molière, l’auteur supposé, nous a appris à nous méfier des apparences, et l'histoire administrative regorge d'exemples de préfets tiraillés entre leur conscience et leur devoir. N'est-ce pas là le sort de bien des personnages de roman, pris dans les rouages d'un système qui les dépasse ?
Il faudrait connaître la conscience de Josiane Chevalier pour comprendre comment elle fonctionne. Notons que le préfet, comme le héros de Kafka, se retrouve, sans doute, confronté à un labyrinthe administratif inextricable, où il n'est qu'une marionnette aux mains d'un pouvoir discutable. En fin de compte, le préfet, aussi puissant soit-il, n'est qu'un serviteur de l'État, un exécutant des décisions prises à un niveau supérieur. Josiane Chevalier fut, en cela, une cheffe d’orchestre de partitions écrites par les proches du pouvoir et « du palais » où elle avait sans doute ses entrées, ses sorties, ses amis… Elle avait su mater les Corses, alors les Alsaciens… La soumission à l’autorité, le travers Sado-Maso des Alsaciens est là, je laisserai les guerriers de claviers dénonçait les travers supposés de Josiane. Quelques travers bien cavaliers méritent critiquent, mais notons surtout qu’elle a su mater l’Alsace, caresser l’échine des uns et des autres pour mettre les élus aux pas et réveiller ce travers récurrent de l’Alsace : la soumission à l’autorité.
Voilà sans doute un mérite de la Dame. Elle n’a pas eu beaucoup à faire pour rendre docile les élus, parrainer l’obtention de médailles des uns et des autres, de leurs amis aussi. Quelques coups de cravaches réglementaires, de fouets administratifs claquant dans le vide et l’ordre était vite revenu. Quelques coups à gauche pour satisfaire les faiblardes revendications de la droite et du centre, quelques rigolades à gauche et le tour était joué. L’Alsacien, quand il ne pleurniche pas sur le temps qui passe, aime à se soumettre à celle ou celui, pays ou personne, qui lui inspire un respect légitime. Il lui reste alors les verres des Bierstubs et Winstubs pour promettre que demain, il osera… puis c’est comme une érection au-delà de 60 ans. On croit qu’elle vient et parfois, elle ne vient pas.
Salut Josiane, mach’s guet ! Et, voilà, la cohorte d’élus alsaciens a finalement voulu faire un dernier selfie avant le départ. À l’instar d’un président des maires du Bas-Rhin, d’une maire supposée rebelle, d’un insoumis aux ordres et de qui vous voulez. Le préfet passe, l’Alsace subit finalement, et du point de vue de l’État, Josiane aura été une bonne préfète. Des élus alsaciens en témoigneront même… Non pour la fâcher, mais pour ne pas indisposer le suivant pour l'obtention d'une médaille pour un copain, une bienveillance pour un autre. Le préfet passe, l’Alsace subit la complicité de ceux qu’elle s’est choisie comme représentants. Finalement, merci, Josiane, d’avoir conforté l’analyse. Nous voilà seuls, entre Alsaciens, attendant le préfet prochain. Le départ de Josiane Chevalier nous laisse sur notre « fin » au sens propre, figuré et phonétique…
Etienne Wildermann