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Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie. "Jacques Prévert"
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mercredi 18 octobre 2023

La gloire de mon maire ! Tout en n’étant pas le Père Noël.

 

La gloire de mon maire !
Son bilan de mi-mandat. Tout en n’étant pas le Père Noël.



Stéphane Leyenberger, maire de Saverne, a toujours été un sujet de choix pour la presse indépendante. Sa façon d’être dont il accentue le trait d’une façon presque caricaturale nous rend toujours admiratifs et il faut l’avouer, un peu goguenards. N'ayant vraiment pas le sens du ridicule, il peut devenir impitoyable quand il sent être la cible de notre attention.



Pour être respecté, soyons craint !

Comme disait un ancien membre de l'opposition, vivant encore dans cette jolie petite ville, le maire a le céans bordé de nouilles. Un vrai nid bien douillet. Une opposition à l'agonie, vidée de sa substance pour une éventuelle alternance. Se sentant obligée de faire dans le psychodrame pendant les conseils municipaux, au grand plaisir du maire donnant la réplique en haussant le ton et jouant l’outragé… Et, il le fait parfaitement, pire, la vengeance est pour lui une seconde nature. Un plat qui se mange froid et très pimenté. Le maire vit dans un monde à part, où ses subalternes craignent ses colères et ses coups en biais. Ses adversaires encore plus. Tous opposants ou journalistes ne reconnaissant pas son mérite, son rôle de grand timonier et de pontife de la ville sont irrémédiablement ostracisés. Ordre du patron. Le terme de la petite baronnie de Saverne peut faire sourire, mais certainement pas ceux combattant cet état de fait.

Un long fleuve tranquille.

Pour le maire de Saverne, la vie est un long fleuve tranquille. Mieux, le canal de la Marne au Rhin clapotant, si on connaît la géographie savernoise. Les petites mains font le job, la gloire et les vivats vont à lui. Et, rien qu’à lui. En cela, il est intransigeant et prêt à défendre bec et ongles son territoire, sa municipalité. Seul son premier adjoint, Laurent Burckel, peut faire n'importe quoi. Un miraculé politique ayant rejoint « Horizons » après le désaveu de Rottner, son ancien maître à penser. Six mois plus tard, « Horizons Paris », voyant qu'il n'était pas des plus habiles pour donner la niaque au mouvement à Saverne, a essayé vainement de le remplacer. On a même voulu débaucher ailleurs que dans le parti pour tourner la page « Laurent Burckel », mais personne de compétent n'a voulu s'installer à Saverne. Le maire est donc seul maître de la ville, faute de contre-pouvoirs et d'opposants, le premier adjoint est toujours là, et cadre chez « Horizons », faute de remplaçant valable.

L’invitation au bilan de mi-mandat de la municipalité de Saverne.

Des amis me remirent le tract, une réunion publique aura lieu le 4 octobre à 18h30 au Château des Rohan. Mon imagination me fit rêver d’un sacre digne d’un grand souverain, d’une béatification en l’église « Notre Dame ». Avec des chœurs chantant l’Alléluia du Messie de Haendel. Ce sera malheureusement au-dessous de mes espérances.

Ayant une réunion avant l’heure fatidique, je mis le flyer sur la pile de mes documents. Il ne passa pas inaperçu à une personne proche du maire. Pour la discrétion, c’était rappé. Je pris cela avec bonhommie, la soirée sera encore plus intéressante.

 
La fosse aux lions est au second étage.

Je file au château des Rohan, le couloir est vide et la montée des escaliers aussi. Un léger picotement derrière l’échine, seul comme un rétiaire se préparant à entrer dans la cage aux fauves. Cela reste une sensation agréable.

Un léger brouhaha à l’arrivée devant la salle, mais sans plus. On ne se bouscule pas. Pas l’Alléluia de Haendel… un peu déçu, ne pas se fier à son imagination. Un jeune homme assis derrière l’entrée me demande mes références, je lui donne volontiers.

Ambiance des plus sages, je vois plusieurs grandes tables rondes, comme chez le roi Arthur, mais en plus grand nombre. Juste derrière le questionneur, attablé à sa table ronde, un Laurent Burckel, statique, regarde devant lui, le sport de sa soirée sera, pour ne pas changer, de ne pas me regarder, de m’ignorer. Un politique comme on les aime, du haut "level". Sa posture reste amusante. Je vais au centre de la salle dans laquelle trônent les différents projets de la ville sur des panneaux. Voici matière à photographier, je m’y emploie avec application. Je ne verrai personne le faire à son tour.


 
Un bronjourrgrr du maire.

À défaut de trône, nous avons donc des tables rondes. Un maire, peu présent. Encore une déception, ne plus se fier à son imagination. On désire du grandiose et on se retrouve avec un maire furtif.

Le voilà qui passe enfin, entouré de sa petite cour, à moins de deux mètres de moi. Les consignes de sécurité à mon égard n’ont visiblement pas été appliquées. Je le fixe, il le sent, se retourne vivement et m’envoie un : « bronjourrgrr » tout en continuant son chemin. Alors, je lui réponds par un « bonjour » plus cristallin et comme je suis de bonne composition, je ne finis pas mon bonjour par un « Stéphane », je ne veux pas lui gâcher sa fête rien qu’à lui.


Les tables rondes.

Je regarde les tables, une est désertée, c’est celle du sport ? En effet, trois dames paraissent s’ennuyer en faisant une tête contrite. Faisons comme le public, allons plus loin !

Voilà un homme qui se dirige vers moi, fort accueillant, grand sourire, il a une aura certaine. Très sympathique, c’est le responsable de la culture, des animations si chères au maire et des langues régionales. On sera forcément amené à se rencontrer de nouveau, pour la culture et les langues.

Il me mitraille de questions, j’avoue avoir des lacunes concernant Saverne malgré mon passé dans le spectacle, je réponds comme je peux. Il me demande mon nom, je lui donne. Tout à coup, une personne s’interpose et demande à lui parler seule. Je ne suis pas dupe, je reconnais la dame et elle vient de la part du maire.

Bref, on me parle trop sympathiquement et me parler est déjà de trop. Je m’assois à la table ronde de la culture, deux responsables semblent gênés tout en me faisant un sourire pincé. Ils paraissent fermés et silencieux, je m’étale sur la chaise et pose des questions. On me répond par des oui ou des non… je me retourne pour mieux les fixer et leur demande si je leur fais peur, « non, non », me répond-on. Voyant que je n’arrive à rien, je pose de nouveau la même question, toujours la même réponse. Décidément, la communication n’est pas le fort du mi-mandat. Le responsable de la culture est de nouveau seul et me rejoint, on clôt la conversation après un bref échange des plus intéressants.

Au tour de l’écologie.

Grand amateur de balades en forêt, je m’approche de la table ronde et écoute. Les questions du public sont un peu les miennes : on est pessimiste pour végétaliser un centre-ville, le minéral a gagné. Une phobie des arbres du maire ? On essaie depuis d’y remédier, mais le mal est fait.

Pour la forêt, on s’étonne du nombre d’arbres à terre et laissés en l’état. Il s’agit d’aider les bactéries et les insectes. Je prends la parole, je remercie cette aide pour nos amis invisibles, mais pourquoi des arbres tombés sur les sentiers ne sont pas enlevés ? Pourquoi des grumes stockées depuis des années ne sont pas enlevées ? Pour les arbres tombés sur le sentier, on avisera. Pour les grumes, c’est de l’ordre du privé.

Cependant, il n’aura pas fallu plus de 48 heures pour que la mairie réagisse à nos propos. Cela méritera une petite brève sous peu.

Une rencontre inopinée.

Un homme vient à ma rencontre, ayant des questions à poser à la municipalité. Je le connais, c’est un proche de l’ancien maire flingué par le nouveau. Bonne ambiance, avec une tranche de kougelhopf et un verre de pinot gris. Il est étonnant de ne pas voir d’élus de l’opposition, et même de simples opposants. Ont-ils été invités ? N’aiment-ils pas les intronisations ? Nous sommes au moins deux à nous poser la question.

La fibre et l’éclairage à Saverne.

Le temps file, encore une table avant le départ. Voici un débat des plus intéressants à l’une d’entre elles. La fibre ; j’écoute en restant debout. Le responsable semble bien connaître son sujet, j’apprends la complexité de l’installation et les moyens d’y parvenir. L’interlocuteur remarque mon écoute intéressée et répond sereinement aux questions des autres participants tout en me regardant. Une élue n’appréciant pas ma présence se précipite et se plante à cinquante centimètres devant moi tout en me fixant. J’en ai que faire, je la laisse dans ma vision périphérique et continue d'écouter le débat. La dame repart à ses affaires, le charme n'ayant pas opéré. Je m’assois et pose une question sur l’éclairage public : « Certaines mairies en Alsace expérimentent un éclairage minimal au lieu du « Black-out », pourquoi pas à Saverne ? La réponse est des plus simples : le coût de l’électricité a grossi de 400 %, on ne peut pas faire autrement. La réponse me convient, on se lève ensemble, il me remercie pour ma présence, je le complimente pour la tenue du débat.

Le dialogue sera toujours meilleur que l’ostracisation.

J’en ai encore eu la preuve ce soir, je sais aussi que l’équipe municipale, menée de main de fer, fait ce qu’elle peut. D’ailleurs, en regardant son trombinoscope, en éludant les têtes de listes, on peut observer un certain turn-over. Une preuve ? Le tout dernier de la liste aux élections fait déjà partie de l’équipe municipale. J’ai aussi la désagréable sensation d’être connu sans les connaître.


Maxime Gruber 



 



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