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Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie. "Jacques Prévert"
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samedi 1 juin 2024

« KO » à la Montagne Verte. Le comportement chaotique de la mairie de Strasbourg envers ses administrés a porté ses fruits.

 

« KO » à la Montagne Verte.
Le comportement chaotique de la mairie de Strasbourg envers ses administrés a porté ses fruits.


Un rejet. Pire, une défiance de certains quartiers, devenus des caches misères, à une idéologie menée tambour battant, sans se préoccuper des véritables envies des habitants loin de l'hypercentre.




Prologue.
Dissonance cognitive !


Quand l'idéologie d'une mairie se prend l'uppercut de la vraie vie en pleine tronche, cela crée des dégâts. Prôner, le cœur sur la main, des lendemains qui chantent en valorisant une partie de la population, tout en promettant, en douce, l'enfer à une autre.

Expliquer au journal « Le Monde » les errements du gouvernement et laisser la municipalité Strasbourgeoise faire la même chose… Suzanne Brolly, vice-présidente écologiste de l'Eurométropole de Strasbourg, s'y colle :

« Dans un contexte de crise du logement, avec un déficit de logements abordables, il n'est pas acceptable qu'il y ait de la vacance » !

Pourquoi ne pas appliquer cette belle résolution, cette envie de bien faire en réquisitionnant un des nombreux immeubles vides de la ville de Strasbourg pour un centre d'hébergement d’urgence pour personnes sans-logement ? Selon les estimations données pendant les réunions de la mairie, huit à neuf pour cent des logements sont vacants, ce qui est énorme. Nous avons dans les 14 000 logements vacants à Strasbourg, dont la moitié immédiatement prête pour un éventuel accueil.

Mais, il y a un souci : on doit héberger entre autres des migrants ! Et, comme on dit, loin des yeux, loin du cœur, il faut un emplacement loin des citoyens du centre-ville et des adjoints de la mairie.
Un espace résiduel sera parfait.

Non à un immeuble vacant !

Le préfet, comme représentant de l'État, peut réquisitionner des logements vides. Ça ne pose pas de problème, bien au contraire, pour les propriétaires ayant comme locataire l'État. Ce dernier payant au prix du marché, donc très bien avec un état des lieux avant et après.
Cette opportunité est rejetée d'un revers de main. L'adjointe à la mairie de Strasbourg, Floriane Varierasa a bien précisé : « on ne va pas enrichir le privé ! »
En conséquence, ce sera une nouvelle habitation de type « Algeco ».


Acte 1
Explorer les lieux et les habitants impactés.

La mairie est actuellement pressée dans la plupart de ses projets. Elle fait donc feu de tout bois avec une certaine fébrilité. Elle désire expliquer ses projets clés en main sans aucune autre alternative et ceux qui protestent n'ont tout simplement pas compris. On n'est pas dans le dialogue, mais dans le « pédagogique ».
Duel de sourds ? Certainement, mais on sait qui gagne toujours à la fin.


Le projet d'installation du centre d'hébergement d’urgence pour personnes sans-logement devrait se faire sur un terrain, rue de la Montagne Verte. 
Comme à leur habitude, nos politiques ont trouvé l'emplacement adéquat : pollué et inondable.


L'opposition à la municipalité étant déjà sur l'affaire suite à la divulgation de l'implantation, se prépare à arpenter le quartier. « L'Association Portes de la Montagne Verte », très active en faveur du quartier Foulons-Coudreuse-Corroyeurs, n'allait, elle aussi, pas se laisser faire.

La mairie n’avait plus le choix, il fallait aller se déplacer pour "vendre son projet" aux habitants...
Les pérégrinations des deux adjoints, la porteuse du projet, Floriane Varieras et le pompier de service Pierre Ozenne, furent lourdes de leçons.
Lui volubile, l'autre mutique, la sauce ne prend pas, les habitants s'étonnent, le quartier et Strasbourg disposent de plusieurs immeubles vides ou préemptés, pourquoi ne pas les investir ? On connait la réponse : « Pour ne pas enrichir les propriétaires…»
Autre question, pourquoi les quartiers de l'ouest strasbourgeois sont toujours ceux qui payent le plus lourd tribut social de la municipalité ?

Le social, les habitants le connaissent déjà bien, un immeuble récent est à quelques pas du terrain assigné. Un joli bâtiment avec son point de deal. Le quartier en souffre, veut-on accentuer les problèmes ? L'endroit choisi, isolé de tout, des commerces, loin du centre-ville, laissera les futurs hébergés en déshérence, un bon moyen de paupériser le quartier. La Montagne Verte connaît depuis deux ans une installation et une croissance inquiétante de la délinquance et des incivilités. Deal, squats d'individus sous l'emprise de stupéfiants, effractions et incendies de véhicules sont devenus le quotidien du millier de résidents de ce petit quartier.

 

En rouge, le futur emplacement.

Acte deux.
La venue de deux élus dans le quartier, Catherine Trautmann puis de Pierre Jakubowicz.

Il faut l'avouer, le passage des adjoints de la mairie a grandement aidé.
Les deux élus de l'opposition avaient des choses importantes à dire, le quartier n'est pas seul. D'autres malmenés par la municipalité sont en quasi-rébellion. Rien ne va plus !
Les projets de la mairie trempés dans l'idéologie verte font des dégâts, et souvent chez les mêmes. Ce besoin de passer en force sans dialogue et concertation, en faisant une ultime réunion avec les riverains concernés pour leur imposer l'agenda des travaux à venir, est la marque de fabrique de ce mandat.
La municipalité est fébrile et sait qu'elle n'a pas la main malgré la diaspora des Strasbourgeois ayant leur claque de l'état de la ville et de la chasse aux voitures. Elle commence d'envisager une éventuelle défaite aux municipales de 2026, ce qui la rend encore plus agressive et pratique un ostracisme soutenu. Voulant laisser une trace dans la mémoire collective, elle empile depuis peu des projets selon son point de vue politique, applaudis par ses partisans, conspués par les autres. Les chiens aboient, la caravane passe...
Nous avons droit à des projets pharaonesques, peut-être finis, dans les meilleures conditions après 2026. Le plus beau des cadeaux empoisonnés, pour la future mandature.
La mairie se transforme en camp retranché, elle vient d'embaucher 300 nouveaux fonctionnaires, dont 200 « ambassadeurs du changement ! » Catherine Trautmann les a définis, en plein conseil municipal de « commissaires politiques ! » 
Ces derniers sont disséminés dans chaque service ayant pour mission de faire appliquer la ligne du changement promise par l'équipe municipale mandatée. L'ambiance déjà mauvaise est devenue délétère, les lamentations du personnel sont exponentielles, les syndicats sur la brèche.
Les deux élus de l’opposition ont promis leur aide pour faire comprendre à la mairie qu'un véritable dialogue participatif est bien meilleur qu'un conflit ouvert avec les riverains, et ce n'est pas gagné.


Acte 3.
La débandade.

Voyant la situation leur échapper, la mairie propose rapidement une réunion explicative, pour ne pas dire pédagogique, pour ce projet immobilier clés en main.
Ils vont accumuler les erreurs d'appréciation et sous-estimer la colère des habitants. Certains que cette réunion ne mobilisera pas les foules, ils proposent de la faire dans une salle disposant de 80 places de l'hôtel « Montagne Verte ».
Et, tout s'emballe ! L’Association Portes de la Montagne Verte (APMV) bat le rappel des habitants du quartier : l'onde propagée dépasse de beaucoup les frontières du quartier. Une pétition (en ligne et en papier) contre le projet aurait déjà recueilli plus de 900 signatures. Tout est prêt pour le psychodrame et le ratage de la soirée du 27 mai.
L'arrivée des élus en vélos fait sourire les premiers invités à la réunion, mais l'amusement sera de courte durée. Une foule compacte se précipite dans la salle.
Pierre Jakubowicz est là, il précise : « Ils ont organisé cette réunion suite à mon interpellation au conseil municipal ». Il faut aussi souligner que c'est aussi une réponse à son passage dans le quartier avant cette réunion proposée par la ville.


Les élus, les adjoints et les employés de la ville sont installés et commencent une projection sur le projet. Peine perdue, la foule dans la salle enfle, et approche les 150 personnes. Le hall d'entrée et l'extérieur ne sont pas en reste !
Malgré l'obstination des élus de vouloir continuer à tout prix, malgré une foule hostile où fleurissent les noms d'oiseaux, le directeur de l'hôtel va mettre un holà ! La capacité de la salle a depuis longtemps dépassé la jauge de 80 personnes. Il demande l'évacuation, les fenêtres n'étant pas ouvertes, il fait chaud. Le moindre mouvement de panique aurait pu être des plus dangereux. Les élus, visiblement pressés pour concrétiser le projet, transigent : « On peut organiser une réunion en deux temps, l'une après l'autre... sinon sur le parking... ou à l'extérieur... Toutes ses propositions pour faire vaille que vaille la réunion dans ce chaos sont rejetées par la foule.
Nadia Zourgui, adjointe à la maire de Strasbourg, chargée de la tranquillité publique et de la police municipale, se justifie : « On voulait que ce soit dans un lieu proche de l’endroit concerné ».
De guerre lasse, le directeur de l'hôtel appelle la police devant la responsable de la police municipale...


Ayant enfin compris qu'il était impossible de continuer et de se retrouver confrontée… aux forces de l’ordre, elle demande l'arrêt de la réunion. Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge de la solidarité, plus têtue, ne peut que suivre le mouvement.

Pierre Jakubowicz nous décrit son départ :

« On a traîné un peu dans la salle le temps que ça se vide. Après, on était devant l'hôtel, les gens attendaient encore. On était quelques-uns à avoir eu l'idée d'aller devant le terrain symboliquement. Ce fut fait, une façon de marquer cette mobilisation, puis la pluie diluvienne arriva. On est donc parti vers 19 h 40 ». 


Acte 4.
La mini réunion des six élus et membres de mairie dans la salle vidée comme si vous y étiez.

L'histoire ne se finit pas là, nous avons toujours une personne assez bavarde dans un petit groupe pour nous dévoiler les réactions et les futures actions de la mairie suite à ce fiasco.
Une fois l'effet de sidération estompé, on voua aux gémonies le directeur de l'hôtel, l'Association Portes de la Montagne Verte et les habitants. Ils avaient une inquiétude, la réaction de la presse. Les DNA n’était pas présente, mais certainement un collaborateur ou un contact allait fuiter. Un journaliste de Rue89 était, lui, bien là
.
« On va appeler, on va éviter d'avoir un mauvais papier, enfin...»

Et, vogue la galère, la conclusion ?

« On ne se fera plus avoir, on fera le plus vite possible une nouvelle réunion dans un lieu plus adapté où on ne se fera pas coincer par la jauge, en espérant qu'il y ait le moins de monde pour une réunion la plus courte possible. »

Le pédagogique, c'est compliqué et éreintant.


Acte 5
Mais qui voilà ? Un revenant, Eric Elkoulby.


La mairie de Strasbourg a la capacité assez unique de fédérer tous les mécontents contre elle. Son omnipotence est toujours là, malheur aux opposants ! Ces derniers n'ont souvent qu'un seul droit : celui de protester. La force de la majorité municipale est la désunion des opposants élus et des citoyens. Cette éventuelle fédération des quartiers laissés pour compte par le biais des associations contre les projets clés en main pourrait en 2026 changer la donne. Surtout si elles sont soutenues par les élus de l’opposition. Et, qui sort du bois ? Eric Elkoulby ! Un des 900 signataires de la pétition. Un habitant du quartier précise : s’il était venu, on l’aurait ovationné !

Pour lui, « le projet est déjà décidé. Et ils pensaient en le présentant que ce ne serait que de l’information. Or, le problème de cette municipalité, est qu'elle ne sait pas faire de concertation.
Ce quartier, ils ne connaissent malheureusement pas. C'est un quartier que peu d'élus, quelles que soient les municipalités, ne connaissent. Et il y a une âme, il y a une histoire à la Montagne Verte. C'est un quartier très particulier, sans centralité. C'est un ensemble de micro-quartiers, de micro-secteurs. Il y a un respect. La Montagne-Verte, c'est un petit peu un village au sein de la ville, un endroit où il ne se passe pas grand-chose, c'est-à-dire que ce n'est pas le centre-ville, il n'y a pas tellement, a priori, de commerce à côté d'eux. Donc, ça va provoquer de sacrés soucis. Ils sont dans l'idéologie, et c’est dangereux. »





Maxime Gruber

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