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lundi 13 janvier 2025

Rouffach, la belle endormie à l’encéphalogramme plat.

Rouffach, la belle endormie à l’encéphalogramme plat.

Le touriste qui arrive en Alsace et parcours la fameuse « Route des Vins » découvre des villages joliment mis en valeur. Mais…


C’est en arrivant à Rouffach que les choses changent : la cité, qui offre un patrimoine aussi riche qu’original, semble tout à fait correspondre à son appellation de « belle endormie » qui ne date pas d’aujourd’hui. La « belle endormie » attend depuis de longues années d’être réveillée.

Malheureusement, ce n’est pas l’actuelle municipalité, dirigée par un maire autoritaire qui se vante d’en être à son sixième mandat (un de plus que le président Poutine !) qui sortira la ville de son long sommeil. Parce que le maire subventionne beaucoup tout ce qui relève du sport et bien trop peu ce qui est de la culture, du patrimoine et qui intéresse les touristes au premier chef. C’est un choix politique. On doute que ce soit le meilleur !



 
Les travaux d’embellissement dans la partie historique de la ville sont rares et les commerces vraiment utiles à la population sont en nombre limité : une seule boulangerie pour environ 4500 habitants, pour prendre uniquement cet exemple éloquent. On annonce qu’une personne a été engagée par la commune avec pour mission de redynamiser le centre-ville. Petit problème : personne ne sait qui est cette personne ni ce qu’elle fait. Toujours est-il que la redynamisation se fait toujours attendre...

Il y aurait bien quelque chose à faire pour réveiller à moindres frais la « belle endormie » : faire des suggestions au maire qui, soit dit en passant, a fait vider et fermer de son propre chef le musée intercommunal qui avait un réel succès auprès des touristes.

Problème : toute idée, toute suggestion qui ne vient pas du maire est systématiquement rejetée. Inutile de discuter. Un ancien élu au conseil municipal ira jusqu’à reconnaître publiquement « l’attitude fermée » du maire, son « autoritarisme exacerbé complété d’une agressivité verbale permanente ».

Une journaliste n’a-t-elle pas fait les frais de cette agressivité lorsque, en octobre 2017, voulant prendre des notes lors d'une réunion publique en vue de faire un article, elle a vu le maire s’approcher très près d’elle et la pointer du doigt en lui interdisant d’écrire ce que venait de dire le chef des élus d’opposition au conseil municipal ?

Le principe qu’applique le maire pour garder son pouvoir se fonde sur une sentence biblique : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi. » À partir de là, l’occupation principale de l’élu est de « fliquer » les habitants pour savoir qui parle à qui, quels sont les « pour » et quels sont les « contre ». Les « pour » sont bien vus et ont tous les droits ; les « contre » sont soupçonnés de porter atteinte à la réputation du premier magistrat de la ville, lequel leur reproche même de constituer un noyau dur d’opposants à sa politique que, bien sûr, il imagine irréprochable. Ainsi va la démocratie à Rouffach ; ainsi Rouffach s’installe-t-elle durablement une apathie ne pouvant que dévaloriser son image.

Très récemment, quelques jeunes étudiants syriens de passage à Rouffach ont fait cette remarque pertinente : « Chez nous, en Syrie, on essaie de sauver notre patrimoine qui a résisté aux guerres. À Rouffach, vous semblez le laisser tomber en ruines... » On a bien tort de ne pas écouter ceux qui voient avec un regard extérieur une réalité qui ne semble plus déranger ceux qui s’y sont habitués.


Adrien Dennach

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