Avant propos

Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie. "Jacques Prévert"
Bienvenue dans le site de l’info la plus « frèch » d’Alsace ! Je vous propose des articles avec ma liberté de ton habituelle. Des journalistes sont aussi invités. Bien à vous. Maxime Gruber.

vendredi 29 décembre 2023

Guy Marchand n’est plus.

Guy Marchand n’est plus.

Il n’est plus, on l’imaginait immortel. Toujours gouailleur, sourire trop entendu en coin, on ne lui la fait pas. Râler était aussi dans ses attributions..
Un boomer magnifique.

Qui se rappelle son extraordinaire jeu d’acteur, souvent muet, nageant de long en large dans le film : « le maître nageur » de Jean-Louis Trintignant ?
C’était un sportif, Guy. Et, râleur, ne l’oublions pas.






Pendant la campagne de presse de la sortie de « Coup de Torchon », le voici interviewé pour son rôle de chef de la police en Afrique occidentale. Une satire, entre autres, de la colonisation. Un rôle à contre-emploi, passant pour le pire des benêts, il en garda visiblement un mauvais souvenir, qu'il conta aux critiques de cinéma horrifiés. "J'avais un rôle ? Ah bon ? Expliquez-le-moi... C'était un film ? " Les critiques ramaient, ramaient et se sont vengés en disant qu'il ne faisait pas son travail de promotion. Inadmissible ! Sacré Guy.

Son plan de carrière en a visiblement pâti.
Le voici dans des films moins prestigieux dont le « P'ti con », basé sur la BD de Gérad Lauzier. Il tint le rôle d'un père digne, essayant vainement d'aider son fils gâté et immature.
La télévision sera sa seconde maison avec la série « Nestor Burma »dont il en est le héros. Notre détective privé ressemble peu au personnage de la BD de Tardi ou des romans policiers de l'auteur, Léo Malet. Mais, la sauce prend assez bien, même si on se demande souvent si Guy se moque intérieurement de son propre rôle. Un côté assez « bancable » tout de même.

Il était aussi un crooner, Guy. Et un bon !
Un vrai touche à tout, des plus brillants.
Repose en paix, Guy, ta prestation, ton vrai personnage qui pointait tellement dans ton jeu d'acteur, lui, nous restera.


Maxime Gruber


Adieu Hubert Bari,

Adieu Hubert Bari, 


Je t’ai énormément apprécié, jusqu'à la fin. Je sais que ce n'est pas ton cas, tu t'es braqué quand tu as commencé à réussir ta vie et ton travail au sujet d'expositions prestigieuses. Nous nous sommes connus par le biais d'une amie commune, elle et moi, vivants en cité U. Soirées bruyantes et joyeuses avec toute la bande. Nous étions fauchés, toi beaucoup moins, mais nous partagions notre bonne humeur et nos plateaux repas des restaurants universitaires qui feraient fuir les étudiants d'aujourd'hui. Belle ambiance, bel avenir, on était jeunes, magnifiques, sveltes et surtout heureux. De l'amitié à l'état pur.

Toi, tu ruminais, mais avec un sourire las, tu te cherchais... Je ne l'avais pas remarqué, dans ma logique estudiantine égoïste, je n'avais pas compris ton malaise. On avait fait les quatre cents coups, à Paris, aux endroits pour étudiants fauchés. Un jour, tu nous invitas dans ton appartement, situé dans le centre névralgique de la Petite France, ton appartement était fabuleux, tous les murs étaient tapissés de Zuber... La classe absolue. Je compris que tu étais une personne à part. La culture et l'art avaient fortifié notre amitié. Tu n'étais pas réellement un étudiant, tu travaillais au musée de minéralogie. Je me rappelle, tu manipulais une machine complexe et impressionnante indiquant la composition d'échantillons de roche, à la demande d'étudiants.




La fin de notre amitié approchait à grands pas. Subitement, tu fis la tronche à toute la bande et tu changeais de sphère pour t'attaquer à ton grand projet professionnel. Du lourd. Ayant rompu les ponts, on ne pensait plus avoir de tes nouvelles, ce ne fut pas le cas.
Travaillant dans une entreprise de décor de spectacle, j'allais involontairement participer à la création de tes expositions internationales, tu inspectais mon travail entouré de tes stagiaires. Tu parlais seulement au responsable de la société, je n'existais pas. Malgré cela, je suis allé avec nos anciens amis à tes toutes premières expositions, tu restas de marbre en nous voyant, pire, tu utilisas une porte dérobée pour t'échapper. Du mépris ? Certainement.

La vie continua, cette fois-ci avec une plus grande distance, de temps à autre, on avait de tes nouvelles par le biais de Canal+ ou tu vins à l'émission, " nul part ailleurs. " Flanqué de deux gardes du corps, tu présentas des diamants des plus célèbres.
Nous étions ravis pour toi. Mais, la roche Tarpéienne est proche du Capitole.
Les journaux donnaient des nouvelles peu rassurantes, on parlait de malversations, de favoritismes à ton égard. Rassure-toi, la grande majorité des articles ont disparu.
Le journal "Le Parisien" fit une piqure de rappel sur l'une des affaires, ce 18 juillet 2007, encore trouvable sur le net.

Puis ce fut l'exil doré au Qatar, tu travaillas pour un Musée.
Ton retour en France se fit en catimini, te voilà écrivain, tu as écrit des romans historiques situés en Alsace. Nous étions ravis, mais cette fois, la bande n'osa plus t'approcher...
Le temps passa, par la suite, j'appris par le biais d'un ami, ton décès. Stupéfaction, de plus, cet ami ignorait que je te connaissais, je lui fis donc un résumé qui reste heureux, du moins, celle de l'époque estudiantine.

À mon tour, je prévins nos anciens contacts. Nous tous, nous vieillissons, les boomers sont sur la corde raide... Tu nous rappelles cette échéance.
Que là où tu sois, tu sois apaisé, et que ta curiosité soit éblouie de merveilles. Repose en paix, cher Hubert.


Maxime Gruber

mardi 21 novembre 2023

La Justice sort la Grosse Bertha contre cinq jeunes militants d’Unser Land. Le Grand Est fournit les munitions.


Ce procès du mercredi 15 novembre 2023, au tribunal de grande instance de Mulhouse, a été le point culminant d’un conflit permanent. Entre l’aspiration de la majorité des Alsaciens pour la sortie de la grande région, et cette entité des plus artificielles, ayant tout le répondant nécessaire pour survivre.



La Genèse du conflit.

La plupart des hommes politiques désirent rester dans la mémoire humaine, certains auront leur nom apposé à un musée, une avenue, voire une rue, une impasse ou une plaque apposée à un Ehpad. François Hollande, président « normal » a voulu nous laisser une trace de son passage à l’Élysée par un cadeau empoisonné. Les grandes régions, se substituant aux anciennes, bien plus historiques. Le mariage de la carpe et du lapin, mieux, pour le Grand Est : un mariage forcé entre la cigogne, le grand tétras et l’escargot. Pour en faire un pâté homogène, il faut tout passer au mixeur. Sacrifier son identité pour un meilleur futur fantasmé.

Votre pognon.

Quel est le but de cette dernière couche du mille-feuille administratif, quel est son intérêt ? Votre pognon. Cette création parisienne apparue brusquement a déjà des besoins somptuaires. Comme tout devient bien plus complexe, que les partages des tâches sont redistribuées et enchevêtrées, il en faut beaucoup. Ayant une grande marge de manœuvres dans la plupart des domaines, son appétit envers nos bas de laine devient grandissant.

Dépouiller l'Alsace pour la Lorraine et la Champagne.

Comme les tribuns de la dernière assemblée générale du « MPA » (Mouvement pour L'Alsace) l'indiquaient, l'épicentre du Grand Est est Nancy. Toutefois, pour la manne financière par l'impôt, l'Alsace est la grande pourvoyeuse, tout en perdant progressivement ses institutions dans le médical, le judiciaire et l'académie, au profit de la capitale des Ducs de Lorraines. On fit, dans cette même assemblée, une blaguounette des plus inquiétantes : pour que le recteur de l'Académie de Strasbourg puisse acheter une gomme, il doit avoir l'aval de son collègue de Nancy.

On en est là, un beau cadeau de notre si « cher » Jean Rottner voulant se venger d'une Alsace ingrate et faire plaisir à ses nouveaux amis lorrains. Certains élus Alsaciens opportunistes se sont aussi fait acheter. Le Grand Est, entité ayant de sympathiques moyens financiers malgré la crise, attire certaines convoitises et trahisons.

Le match entre Unser Land et le Grand Est.

Une institution ayant uniquement la légitimité de Paris ne pouvait qu'être en conflit avec le parti autonomiste Unser Land. Une guerre froide s'est instaurée, l'une utilisant ses finances pour imposer son point de vue, faisant sa promotion telle une entreprise privée

Le parti politique, lui, ayant assez de militants pour essayer de démontrer la gabegie de la grande Région. Ambiance délétère…




 

Le jour de la peinture !

Bien sûr, cette situation d'une supra-région omnipotente aimant s'aguicher dans les événements sportifs en mettant son logo à bas coût (authentique, réalisé en interne) et d'une esthétique controversée peut agacer certains. De jeunes Alsaciens, militants chez Unser Land, désirant arrêter cette propension de la grande région à vouloir faire sa propagande aux frais du contribuable, complotent. Leur arme fatale sera... deux pots de peinture pendant le Tour de France.

Leur mission ? Asperger d'acrylique blanche, les véhicules du Grand Est de la caravane, le point d'impact devant être les logos tristement célèbres de l’institution. Cet acte devait « signifier à la région Grand Est que cette propagande était une provocation dans cette Alsace annexée de force à cette « région » en 2014 et qui demande depuis lors sans cesse à retrouver ses institutions ». Le commando réussit parfaitement son but. Il faudra donc attendre forcément le retour du bâton.

Une enquête de fourmis pendant une année...

Le Grand Est fou-furieux et exigea des coupables et des réparations pour leur image pourtant déjà bien écornée. D'énormes moyens sont mis à la disposition des enquêteurs.

Exploitation de la vidéo surveillance, relevés téléphoniques, enquête de voisinage, analyse de la peinture, tapissage photographique… c’était un dispositif digne d’une enquête criminelle que la gendarmerie a mise en place pour retrouver les auteurs. Après plus d’un an d’enquête, un dossier de près de 600 pages a été constitué. Tout semblait bien hermétique et les vengeurs bien masqués. Puis vint la gaffe, un simple message sur Facebook permis aux enquêteurs de remonter la piste des redoutables « guérillos ».

Une perquisition emplie de symboles...

Le 23 mai 2023, quatre équipages de gendarmerie se sont rendus au petit matin chez les trublions et ont procédé à une perquisition des domiciles. Le meneur a été menotté par les gendarmes. En tout, une vingtaine de gendarmes ont été mobilisés pour cette opération. Les jeunes militants ont été placés en garde à vue et soumis à un interrogatoire. Nous ne sommes pas loin des brigades de Clemenceau. Les symboles, je vous disais. Ils sont cinq ! Nous avons même un prévenu de trop, le filet était un peu trop grand ?

Les supérieurs hiérarchiques d'Unser Land n'étaient pas au courant des préparatifs de cette expédition. Un message laconique indique la situation :

« Si ce mode d’action est contraire à notre charte et si à aucun moment Unser Land n’a été au courant ou impliqué dans cette action, au vu du contexte, on peut toutefois comprendre le geste de nos militants. »

Un premier procès expéditif pour rien.

Ayant reconnu les faits, les dangereux bandits de grands chemins cyclables ont été inculpés pour dégradations et pour avoir exposé directement autrui à un risque immédiat de mort ou une infirmité permanente. Rien que ça !!! Le cinquième prévenu, dont la seule motivation était de déployer sa banderole, a évidemment clamé son innocence, mais les pandores sont restés impassibles, elle a été inculpée.

L’affaire aurait dû être jugée et réglée en octobre dernier à l’occasion d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, permettant un plaider-coupable des prévenus donnant la possibilité de juger rapidement les reconnaissant sa culpabilité. Ceci, dans l'absolu, est donnant, donnant : « je dis que je suis coupable et j'obtiens une peine légère ».

Mais, le juge n’a pas homologué la proposition du procureur. Une peine de prison de six mois avec sursis pour les trois auteurs du jet de peinture. Plus un stage de citoyenneté ainsi que la réparation des dommages et les deux autres, dont un a filmé la scène et l'autre au courant de rien, à quatre mois avec sursis. Le juge a estimé que cette « action politique » devait être jugée solennellement et en public par le tribunal judiciaire de Mulhouse, en audience collégiale, d’autant qu’il y a des victimes. Nous voici donc dans un véritable futur procès politique !

Un procès au tribunal de grande instance de Mulhouse, où se mêlent la politique et la farce.

Ce mercredi 15 novembre, les cinq prévenus, inconnus de la justice et au casier encore immaculé pour quelles minutes, étaient présents à la barre du tribunal judiciaire, dans une salle d’audience pleine à craquer de militants et sympathisants d’Unser Land. Un procès politique ? On y est. Tout le monde a mis la main à la pâte, la justice et le Grand Est, aussi. Les mis en cause devaient répondre de dégradation de bien d’autrui aggravé lors d’une manifestation sur la voie publique et pour mise en danger d’autrui pour violation d’une obligation de sécurité.

Deux véhicules siglés « région Grand Est » et une troisième voiture ont été souillés, plusieurs mètres de voiries, les murs et les vitraux de la chapelle toute proche, également. « Des personnes dans les véhicules ont aussi été touchées et surtout choquées et c’est sans parler des risques d’accidents si les véhicules n’avaient pas été maîtrisés par leur conducteur », a rappelé la présidente de l’audience.

Gros malaise pour les prévenus, l'un d'entre eux, n'est pas impliqué dans l'« opération peinture ». Elle préparait sa une banderole. Selon les prévenus, la juge n'en tient pas compte... Tout en sachant qu'un autre a tout simplement filmé, cela commence à faire beaucoup.


Des plaintes ou pas...

La CEA, propriétaire de la chaussée maculée de blanc, s'était porté partie civile, mais a retiré sa plainte, certainement en voyant qui étaient les perturbateurs. On ne tape pas sur les ennemis des ennemis. Amaury sport, le grand organisateur sportif de la CE n'est pas aussi partie civile, grand seigneur, il ne veut pas mettre de l'huile sur le feu.

Pour les plaintes, deux institutions sont présentes : la mairie d’Oderen désire le remboursement du nettoyage pour 1 400 euros, cela reste bon enfant. Le Grand Est, un peu moins, ce dernier demande 3 500 euros (estimation) sans compter de divers suppléments pour dommage et intérêt. Atteinte à l'image du Grand Est ! Comme s'il n'y parvenait pas tout seul !


Quatre victimes collatérales.

Les deux conducteurs des voitures au logo « bleu, puissant et vibrant » ont aussi des exigences.
Pour le premier, la prise en charge du nettoyage de sa veste et 500 euros de préjudice moral. Le second voulait aussi un dédommagement.
 
La troisième personne a indiqué devoir aller voir un coach mental... puis a précisé qu'elle était déjà suivie avant l'affaire.
Un ange passe, la juge revient à la charge : pourtant vous m'avez écrit, que vous avez été choquée.
 
Le procureur enfonça le clou. « On a touché à des personnes et certain ici même veulent en faire une tribune politique. »

L'église d'Oderen pardonne.

Des bénévoles ont nettoyé le mur tâché ainsi que des vitraux. Elle ne se porta pas partie civile.

« Vous voulez faire de la politique ? On va faire de la politique ! »

Ainsi, on a bien compris le message, les cinq prévenus sont d'horribles délinquants. Ces derniers font leur mea-culpa, excédés par la politique de la région Grand Est avec des sommes folles consacrées à leur propagande. « Cette caravane était une provocation dans cette Alsace annexée de force à cette région en 2014. »
Le juge et ses assesseurs se sont retirés quelques minutes pour statuer. Le verdict est plus lourd, qu'à la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Ce n'est plus six mois avec sursis pour les trois militants ayant repeint les voitures, mais les cinq ! Sans oublier les nombreux frais à leur charge.


Un procès théâtralisé ?

En conclusion le fossé entre le Grand Est avec la plupart des Alsaciens dont Unser Land est encore plus profond. Et n’oublions pas que le service juridique du Grand Est est payé avec nos impôts.

Un procès théâtralisé à outrance montrant les tenants et les aboutissants des différents partis. Les cinq militants ont payé le prix fort, malgré les centaines de messages de soutien.

Il faudrait aussi relativiser l'affaire, personne n'ayant été blessé et heureusement. La peine se veut exemplaire, un peu trop même, certains vrais délinquants doivent ricaner.


Maxime Gruber




mercredi 18 octobre 2023

La gloire de mon maire ! Tout en n’étant pas le Père Noël.

 

La gloire de mon maire !
Son bilan de mi-mandat. Tout en n’étant pas le Père Noël.



Stéphane Leyenberger, maire de Saverne, a toujours été un sujet de choix pour la presse indépendante. Sa façon d’être dont il accentue le trait d’une façon presque caricaturale nous rend toujours admiratifs et il faut l’avouer, un peu goguenards. N'ayant vraiment pas le sens du ridicule, il peut devenir impitoyable quand il sent être la cible de notre attention.



Pour être respecté, soyons craint !

Comme disait un ancien membre de l'opposition, vivant encore dans cette jolie petite ville, le maire a le céans bordé de nouilles. Un vrai nid bien douillet. Une opposition à l'agonie, vidée de sa substance pour une éventuelle alternance. Se sentant obligée de faire dans le psychodrame pendant les conseils municipaux, au grand plaisir du maire donnant la réplique en haussant le ton et jouant l’outragé… Et, il le fait parfaitement, pire, la vengeance est pour lui une seconde nature. Un plat qui se mange froid et très pimenté. Le maire vit dans un monde à part, où ses subalternes craignent ses colères et ses coups en biais. Ses adversaires encore plus. Tous opposants ou journalistes ne reconnaissant pas son mérite, son rôle de grand timonier et de pontife de la ville sont irrémédiablement ostracisés. Ordre du patron. Le terme de la petite baronnie de Saverne peut faire sourire, mais certainement pas ceux combattant cet état de fait.

Un long fleuve tranquille.

Pour le maire de Saverne, la vie est un long fleuve tranquille. Mieux, le canal de la Marne au Rhin clapotant, si on connaît la géographie savernoise. Les petites mains font le job, la gloire et les vivats vont à lui. Et, rien qu’à lui. En cela, il est intransigeant et prêt à défendre bec et ongles son territoire, sa municipalité. Seul son premier adjoint, Laurent Burckel, peut faire n'importe quoi. Un miraculé politique ayant rejoint « Horizons » après le désaveu de Rottner, son ancien maître à penser. Six mois plus tard, « Horizons Paris », voyant qu'il n'était pas des plus habiles pour donner la niaque au mouvement à Saverne, a essayé vainement de le remplacer. On a même voulu débaucher ailleurs que dans le parti pour tourner la page « Laurent Burckel », mais personne de compétent n'a voulu s'installer à Saverne. Le maire est donc seul maître de la ville, faute de contre-pouvoirs et d'opposants, le premier adjoint est toujours là, et cadre chez « Horizons », faute de remplaçant valable.

L’invitation au bilan de mi-mandat de la municipalité de Saverne.

Des amis me remirent le tract, une réunion publique aura lieu le 4 octobre à 18h30 au Château des Rohan. Mon imagination me fit rêver d’un sacre digne d’un grand souverain, d’une béatification en l’église « Notre Dame ». Avec des chœurs chantant l’Alléluia du Messie de Haendel. Ce sera malheureusement au-dessous de mes espérances.

Ayant une réunion avant l’heure fatidique, je mis le flyer sur la pile de mes documents. Il ne passa pas inaperçu à une personne proche du maire. Pour la discrétion, c’était rappé. Je pris cela avec bonhommie, la soirée sera encore plus intéressante.

 
La fosse aux lions est au second étage.

Je file au château des Rohan, le couloir est vide et la montée des escaliers aussi. Un léger picotement derrière l’échine, seul comme un rétiaire se préparant à entrer dans la cage aux fauves. Cela reste une sensation agréable.

Un léger brouhaha à l’arrivée devant la salle, mais sans plus. On ne se bouscule pas. Pas l’Alléluia de Haendel… un peu déçu, ne pas se fier à son imagination. Un jeune homme assis derrière l’entrée me demande mes références, je lui donne volontiers.

Ambiance des plus sages, je vois plusieurs grandes tables rondes, comme chez le roi Arthur, mais en plus grand nombre. Juste derrière le questionneur, attablé à sa table ronde, un Laurent Burckel, statique, regarde devant lui, le sport de sa soirée sera, pour ne pas changer, de ne pas me regarder, de m’ignorer. Un politique comme on les aime, du haut "level". Sa posture reste amusante. Je vais au centre de la salle dans laquelle trônent les différents projets de la ville sur des panneaux. Voici matière à photographier, je m’y emploie avec application. Je ne verrai personne le faire à son tour.


 
Un bronjourrgrr du maire.

À défaut de trône, nous avons donc des tables rondes. Un maire, peu présent. Encore une déception, ne plus se fier à son imagination. On désire du grandiose et on se retrouve avec un maire furtif.

Le voilà qui passe enfin, entouré de sa petite cour, à moins de deux mètres de moi. Les consignes de sécurité à mon égard n’ont visiblement pas été appliquées. Je le fixe, il le sent, se retourne vivement et m’envoie un : « bronjourrgrr » tout en continuant son chemin. Alors, je lui réponds par un « bonjour » plus cristallin et comme je suis de bonne composition, je ne finis pas mon bonjour par un « Stéphane », je ne veux pas lui gâcher sa fête rien qu’à lui.


Les tables rondes.

Je regarde les tables, une est désertée, c’est celle du sport ? En effet, trois dames paraissent s’ennuyer en faisant une tête contrite. Faisons comme le public, allons plus loin !

Voilà un homme qui se dirige vers moi, fort accueillant, grand sourire, il a une aura certaine. Très sympathique, c’est le responsable de la culture, des animations si chères au maire et des langues régionales. On sera forcément amené à se rencontrer de nouveau, pour la culture et les langues.

Il me mitraille de questions, j’avoue avoir des lacunes concernant Saverne malgré mon passé dans le spectacle, je réponds comme je peux. Il me demande mon nom, je lui donne. Tout à coup, une personne s’interpose et demande à lui parler seule. Je ne suis pas dupe, je reconnais la dame et elle vient de la part du maire.

Bref, on me parle trop sympathiquement et me parler est déjà de trop. Je m’assois à la table ronde de la culture, deux responsables semblent gênés tout en me faisant un sourire pincé. Ils paraissent fermés et silencieux, je m’étale sur la chaise et pose des questions. On me répond par des oui ou des non… je me retourne pour mieux les fixer et leur demande si je leur fais peur, « non, non », me répond-on. Voyant que je n’arrive à rien, je pose de nouveau la même question, toujours la même réponse. Décidément, la communication n’est pas le fort du mi-mandat. Le responsable de la culture est de nouveau seul et me rejoint, on clôt la conversation après un bref échange des plus intéressants.

Au tour de l’écologie.

Grand amateur de balades en forêt, je m’approche de la table ronde et écoute. Les questions du public sont un peu les miennes : on est pessimiste pour végétaliser un centre-ville, le minéral a gagné. Une phobie des arbres du maire ? On essaie depuis d’y remédier, mais le mal est fait.

Pour la forêt, on s’étonne du nombre d’arbres à terre et laissés en l’état. Il s’agit d’aider les bactéries et les insectes. Je prends la parole, je remercie cette aide pour nos amis invisibles, mais pourquoi des arbres tombés sur les sentiers ne sont pas enlevés ? Pourquoi des grumes stockées depuis des années ne sont pas enlevées ? Pour les arbres tombés sur le sentier, on avisera. Pour les grumes, c’est de l’ordre du privé.

Cependant, il n’aura pas fallu plus de 48 heures pour que la mairie réagisse à nos propos. Cela méritera une petite brève sous peu.

Une rencontre inopinée.

Un homme vient à ma rencontre, ayant des questions à poser à la municipalité. Je le connais, c’est un proche de l’ancien maire flingué par le nouveau. Bonne ambiance, avec une tranche de kougelhopf et un verre de pinot gris. Il est étonnant de ne pas voir d’élus de l’opposition, et même de simples opposants. Ont-ils été invités ? N’aiment-ils pas les intronisations ? Nous sommes au moins deux à nous poser la question.

La fibre et l’éclairage à Saverne.

Le temps file, encore une table avant le départ. Voici un débat des plus intéressants à l’une d’entre elles. La fibre ; j’écoute en restant debout. Le responsable semble bien connaître son sujet, j’apprends la complexité de l’installation et les moyens d’y parvenir. L’interlocuteur remarque mon écoute intéressée et répond sereinement aux questions des autres participants tout en me regardant. Une élue n’appréciant pas ma présence se précipite et se plante à cinquante centimètres devant moi tout en me fixant. J’en ai que faire, je la laisse dans ma vision périphérique et continue d'écouter le débat. La dame repart à ses affaires, le charme n'ayant pas opéré. Je m’assois et pose une question sur l’éclairage public : « Certaines mairies en Alsace expérimentent un éclairage minimal au lieu du « Black-out », pourquoi pas à Saverne ? La réponse est des plus simples : le coût de l’électricité a grossi de 400 %, on ne peut pas faire autrement. La réponse me convient, on se lève ensemble, il me remercie pour ma présence, je le complimente pour la tenue du débat.

Le dialogue sera toujours meilleur que l’ostracisation.

J’en ai encore eu la preuve ce soir, je sais aussi que l’équipe municipale, menée de main de fer, fait ce qu’elle peut. D’ailleurs, en regardant son trombinoscope, en éludant les têtes de listes, on peut observer un certain turn-over. Une preuve ? Le tout dernier de la liste aux élections fait déjà partie de l’équipe municipale. J’ai aussi la désagréable sensation d’être connu sans les connaître.


Maxime Gruber 



 



lundi 11 septembre 2023

Banni, mais pas trop !

Banni, mais pas trop !

La joie de faire disparaître, écrabouiller de son réseau social un journaliste trop porté dans l’investigation est jubilatoire. Mais…


L’ostracisation du vilain canard à la plume un peu trop affûtée ne dure qu’un temps. Il faut donc montrer son mécontentement tout en continuant d'observer l’empêcheur de tourner en rond. Au cas où le trublion ferait toujours des siennes.

Et, l'écrivaillon a de quoi faire, entre les bannissements, l'ostracisation, le complotisme et la « Cancel culture »...


Une représentation déjantée du "Banni" mal aimé, se promenant toujours avec sa tronçonneuse en marche.
Cet anti héros faisait la joie du magazine "Fluide Glacial" des années 70/80, son auteur est Marcel Coucho.
Merci à Alex Roanne pour le pastiche.



Le paradoxe du banni, ostracisé, néanmoins observé.

Le journaliste aux prises avec un brave « innocent », après un, voire des articles n'allant pas dans le sens désiré de l' « outragé » sera encore plus épié qu'un simple abonné. Banni ou pas, par le biais de ses contacts, les copier-coller fusent en un temps record, alimentant la haine à notre égard tout en dégarnissant notre page d'abonnement. L'« outragé » voit tout, sait tout et se met en joie de nous l'informer. Soit en nous alpaguant en plein rue d'une façon cavalière. Soit par une missive bien sentie, souvent écrite d'une manière fort juridique en espérant nous faire trembler de peur. Ce sont nos meilleurs ennemis, tout en participant malgré eux à notre réputation de limiers, de casseurs de code.

Quelques règles de bonne conduite.

Tout échange doit être fait sur le même pied d'égalité. Se fâcher n'est pas une calamité, bien au contraire. Se mettre en froid avec un journaliste d'investigation n'est pas de bon augure pour le moyen terme, car il serait tenté de creuser plus profondément.

Les plus intelligents le savent et après leur scène de ménage, ils seront de nouveau ouverts au dialogue. Bien sûr, nous avons des exceptions à la règle, la plupart du temps, ce sont des personnes ne pouvant sortir de leur propre imbroglio. En ce cas, nous ne pouvons rien faire, le commencement de la fin étant proche.

Bannis des réseaux sociaux...

Le journaliste peut donc être banni, mais souvent à dose homéopathique. L'inverse est aussi vrai. On pratique le bannissement qu'en cas d'extrême nécessité. La page Facebook de "Heb'di "a six bannis, n'étant pas l'administrateur de l'époque, je n'en connais pas les raisons. Ils ne semblent pas avoir de lien en commun. Ont-ils agacé, énervé ? Il est fort probable.

Personnellement, pendant ma carrière, je n'ai banni que trois personnes. Mais, d'une façon globale, téléphone et réseaux sociaux. Le plus grand reproche que je pourrai leur faire est, se croyant proche du propriétaire du journal d’Heb’di, d'avoir voulu s'immiscer dans les éventuels articles de l'époque, mettant en danger le journal et certains collaborateurs.

Ainsi, il s'agit plus d'un bannissement préventif que punitif.

Les joies du bannissement, entre le complotisme, sans oublier la "cancel culture".

Qui ne s'est pas amusé à contredire un adepte du « comme par hasard » ? Ces experts en tout, donc en rien. Ayant une constance immuable : d'avoir toujours raison. Raison en virologie, en science, en paléontologie, en histoire, en théologie et bien sûr en politique. Et, bien entendu, en ayant le bagage du nouvel autodidacte ayant la fibre optique : « je l'ai vu sur YouTube et FranceSoir ».

Argumenter avec une personne persuadée d'être dans le vrai, donc insensible à tout autre raisonnement que le sien, peut être amusant et chronophage. C’est aussi le rôle du journaliste et selon votre adresse épistolaire, vous pouvez tourner en bourrique, le prosélyte aux nouvelles théories.

Causerie avec une personne aimant soliloquer...

Alors commence un dialogue de sourds, la personne contredite dans sa vision complotiste, peut s'agacer rapidement. Le prosélytisme ne supportant la contradiction et les moqueries, il faut donc diaboliser le gouailleur.

On va donc nous demander de réfléchir « par nous-même », et oui, le moqueur est, selon les dires du complotiste, formaté par BFM, CNEWS, voire les DNA.

Continuer de dialoguer avec notre prédicateur sera pour lui un calvaire, une torture mentale. Entre deux jurons, nous serons irrémédiablement bannis avec perte et fracas.

Wokisme, la politique des « extrêmes » et la tentation de la « cancel culture ».

La « cancel culture » (de cancel, « annuler »), aussi appelée en français culture de l'effacement ou culture de l'annulation, est une pratique apparue aux États-Unis. Elle consiste à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, des individus, groupes ou institutions responsables d'actes, de comportements ou de propos perçus comme inadmissibles. En France, la pratique existe, bien qu’elle soit moins importante qu’aux États-Unis. Quoique…

Titiller un « woke » ou un militant politique extrémiste, le résultat sera plus rapide et brutal. Nous sommes forcément un « facho », un nazi, un suppôt du patriarcat blanc pour l'un, avec une multitude d'autres mots ayant à leur fin : « phobe ». Pour le militant, vous serez tout simplement une hyène du capital.

Si on commence à vous tutoyer, à vous insulter en espérant que vous ferez de même, ce sera mal parti. Pourquoi ? Parce qu'ils sont grégaires.

À la moindre infraction écrite de votre part, vous serez signalé par plusieurs personnes à l'administrateur du réseau social et votre interdiction d'écrire sera effective immédiatement.

Si vous gardez votre sang-froid, et ne faites aucune entorse au règlement, vous verrez apparaître à la fin de leurs phrases, des hashtags... un # suivi de votre nom ou votre référence. Cela permet de retrouver tous les messages qui le contiennent. La plupart du temps sur Twitter et si la troupe proche de votre contradicteur, lisant votre prose et les accusations à votre égard, estime que vous méritez un harcèlement, elle le fera. Pour retrouver votre quiétude, il faudra partir, prendre des vacances des réseaux sociaux. Un auto-bannissement.

Une histoire vraie d’un pétage de plomb d’un correspondant dans la cause nous échappe encore.

Quelques fois la situation nous échappe, voici le tout dernier exemple. Un photographe fait depuis quelque temps des colorisations de photos anciennes et nous les présente sur sa page Facebook. En cela rien d'anormal, je vois son travail progresser, sa maîtrise des couleurs s'améliorer. J'avais tout de même remarqué de la part de l'auteur, une certaine animosité envers les critiques constructives ou pas. On peut dire même une réaction épidermique des plus brutales. Ne me sentant pas impliqué, estimant qu'une photo historique en noir et banc se suffit à elle-même. Je regardais ses réalisations ainsi que ses sources photographiques avec le plaisir de voir un moment figé du passé.

Puis un jour, une photo retient mon attention. Nous ne sommes plus devant une photo historique. L'image se veut être une représentation de la Cathédrale de Strasbourg en pleine construction. Une image complexe où notre œil se perd dans les enchevêtrements des poutres et des pierres.

Une image très différente des réalisations habituelles. De mémoire, le commentaire du créateur était : je me suis fait aider avec une application AI.

Trouvant cette nouvelle technologie des plus intéressantes, je lui demandai tout simplement le nom du programme AI.

Je venais de déclencher une réaction en chaîne de sa part sans que je puisse interagir. Au début, il s'en amusa sans donner le nom du programme AI puis vint la suspicion de sa part... Vu le contexte, je préférai ne pas insister.

Sans avertissements, il me bannit. Perplexe, je pouvais seulement passer à autre chose. De bonnes âmes m'envoyèrent des captures d'écrans des propos qu'il tenait à mon égard, que je ne pouvais plus voir. Propos peu élogieux, il faut l'avouer.

Je passais donc à autre chose, quinze jours plus tard, je recevais de nouveau ses photos via Facebook. Dé-banni ! J’aime à croire que mon métier a aidé.


Maxime Gruber

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